L'histoire :
Martin a 17 ans. L'adolescent vit avec son père dans une modeste maison mitoyenne. Au lycée, il mène une existence banale, mais il est animé d’un sentiment de révolte latent depuis le décès de sa mère. Ce sentiment s’amplifie au fur et à mesure et le jeune homme, en manque de repères, trouve refuge dans la musique. Martin est en effet le guitariste d’un groupe composé de Léa et Abel, ses amis. Il va trouver l’inspiration à travers les chants de Maldoror, des poèmes écrits par Isidore Lucien Ducasse, mieux connu sous le nom du Comte de Lautréamont. Les idées véhiculées par cet auteur du XIXème siècle sont tellement noires que Martin va s’enfoncer dans une rupture totale par rapport à son environnement. Les deux autres membres de son groupe ne comprennent pas les motivations de ce jeune homme en profond décalage avec la société qui l’entoure. Ce dernier reproche à son père la mort de sa mère et fait péricliter son groupe de musique en repoussant définitivement ses amis. L’enfant se transforme petit à petit en une véritable bombe humaine. En décrochage scolaire, il change d’apparence avant de crier sa révolte à qui veut bien l’entendre. Ses actes, inspirés par un imaginaire « Maldoror » qui lui guide la marche à suivre, s’inscrivent de plus en plus dans une violence qui va le faire basculer de l’autre côté…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Maldoror et moi se situe entre la bande dessinée classique et le roman graphique. L’histoire, dessinée en noir et blanc, est d’une noirceur effrayante. Elle met en lumière, pour peu qu’il y en ait, l’emprise que peuvent avoir certaines idées macabres auprès d’adolescents en manque de repères. Les rares jets rouge accentuent encore un peu plus le sentiment de violence qui habite le jeune Martin. Les dessins de Laurent Richard sont d’une précision diabolique. Le trait est juste et se calque parfaitement à la noirceur du récit. Le scénario de Benoît Broyart est volontairement décousu, laissant apparaître les failles d’un système éducatif qui ne parvient pas à répondre aux turpitudes de jeunes qui se laissent influencer par de sombres sentiments. La présence de Maldoror, tel un mauvais génie, démontre qu’il en faut bien peu pour semer le trouble dans l’esprit des plus fragiles. L’histoire est complètement en phase avec les temps chahutés que nous traversons. Le graphisme se laisse apprécier, même si la présence massive et indésirable de ce maudit Maldoror jette encore un peu plus de flou à l’incohérente introspection d’un jeune en perdition. Quoiqu’il en soit, les 140 pages se lisent d’un seul trait, tant on se demande où la violence insensée de l’adolescent va s’arrêter.