L'histoire :
Dans la seconde moitié du XVIe siècle, le fabriquant d’arme germanique Ambrosius Amerbach est assassiné. Il refuse en effet de vendre le secret d’une de ses inventions, la platine, aux papistes espagnols (catholiques). Son fils Gunther, accusé par son frère Lucas de ce meurtre, fuit et trouve refuge à Genève chez une riche bourgeoise, Graziella Zangarona. Là, tandis qu’il se remet de ses blessures, il tombe sous son charme et trouve chez elle une seconde raison de venger son père. Pour ce faire, Gunther accepte de servir d’escorte à Théodore de Bèze, chef de file du calvinisme, un cruel théoricien huguenot, jusqu’au port de la Rochelle. Il y croise le fer avec un compatriote aventurier et mercenaire, Pritz, qui cherchait à tuer de Bèze. S’engage alors entre les deux hommes une rocambolesque course-poursuite vers l’Espagne. Paradoxalement, les deux antagonistes se vouent le respect et finissent par se lier d’amitié, tandis que Gunther commence à comprendre qu’il a été instrumentalisé par de Bèze. A l’approche des cimes des Pyrénées, il sent que l’assassin de son père, à qui il a perforé la main d’un coup d’épée, n’est plus très loin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les évènements narrés dans Malefosse se déroulent en amont de la célèbre série les Chemins de Malefosse, qui bâtit dans les années 80 la renommée de la collection Vécu de Glénat. Ils reviennent notamment sur les conditions de la rencontre entre les deux protagonistes majeurs de la série mère au cours de la Renaissance. En effet, Gunther cherche à venger son père, artisan artificier, en background des tensions internationales entre la France et l’Espagne. En marge d’une affaire de trafic d’armes (eh oui, déjà à l’époque), ce second volet offre à Gunther et Pritz de se rencontrer, de se combattre et finalement de souder leur amitié, en clôture d’un premier cycle. L’intrigue s’appuie sur un châssis historique parfaitement documenté et s’inscrit impeccablement dans son époque, celle des guerres de religions entre protestants et catholiques, un peu avant le célèbre massacre de la Saint Barthélémy (août 1572). Néanmoins, si le contexte est alléchant et la trame riche en potentiel, ce premier diptyque déçoit sur quelques aspects. En effet, la psychologie des personnages est un peu légère (hou les méchants huguenots !) et le fil des évènements vraiment rocambolesque (aïe aïe le final…). Peut-être cette impression vient-elle aussi du trait forcé sur les expressions faciales, comme si les personnages sur-jouaient leur rôle… mais cette caractéristique est surtout à porter au crédit d’un dessin réaliste splendide, en couleurs directes. De sorte, François Dermaut s’inscrit dans la même veine graphique historique que Grun (Le serment d’Opale) ou Philippe Delaby (Murena), qui ne sont pas les plus vilaines références…