L'histoire :
Le bon plaisir : A la mort de son frère et de son père, la jeune Ariane de Troïl brûle son château de province et s’installe à Paris. Son protecteur, Germain Grandpin, est hélas également celui qui l’a violée il y a quelques temps, ignorant alors qu’il scellait une distance définitive avec sa future maîtresse. Au début de l’année 1621, Ariane fait une providentielle rencontre : le roi Louis XIII lui-même. Ébloui par sa franchise et son indépendance, il devient son ami, son confident, son amant… Il lui offre un hôtel particulier et l’initie au mystère du « Masque Rouge »…
Les mauvais sentiments : Ariane vit désormais une idylle secrète mais sincère avec le roi Louis XIII, au grand dam de Germain d’un côté, amoureux transis, et de l’autre de la reine Anne d’Autriche, que le roi n’a toujours pas « honorée » ! Apprenant qu’Ariane est enceinte, la reine profite des campagnes de guerre de son époux, pour fomenter un complot avec sa belle-mère, Marie de Médicis…
La veuve noire : Au moment où Ariane accouche de son fils, et alors qu’un congé a été accordé de force à Germain, un chevalier masqué apparaît et enlève le nouveau-né ! Eplorée, Ariane tente – en vain – d’informer le roi, lorsqu’il rentre enfin à Paris entre deux batailles contre les huguenots. Ce dernier restera dans l’ignorance de sa paternité et répudiera Ariane, persuadé qu’elle l’a dupé. Ariane comprend peu à peu qu’elle pâtit d’une conspiration destinée à préserver la légitimité politique du trône de France. Cette machination est ourdie par une veuve machiavélique, future duchesse de Chevreuse…
Ami, rempli mon verre : Ariane s’est faite une raison : elle ne reverra plus son fils. Au départ accablée, elle s’épanouit finalement en rejoignant une troupe de comédiens de rues, qui lui apprennent les ficelles de la théâtralisation. Sur scène, elle change sa voix, devient un homme, justicier, portant un masque rouge… Elle rencontre aussi les gueux et comprend leur détresse. Elle décide de concrétiser ses atouts au service de la morale, en devenant enfin « Masquerouge »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Changement de ton et d’époque pour les 4 derniers tomes (7-8-9-10) contenus dans cette dernière intégrale de Masquerouge. En choisissant de situer son récit anté-chronologiquement aux 6 premiers épisodes, le scénariste Patrick Cothias, alors au faîte de son art, se raccorde à l’Histoire de France et surtout à son grand œuvre du « Cycle » des 7 Vies de l’épervier (9 séries spin-off, pour 53 albums en tout !). Le personnage justicier de Masquerouge brille donc par son absence (sauf à la fin du tome 10) : logique, puisqu’il est en phase de germination chez Ariane. Avec brio, Cothias parvient à orchestrer la parfaite combinaison psychologique et politique, pour rendre pertinentes et cohérentes les composantes de sa vaste œuvre historique. Vous comprendrez désormais les rapports tendus d’Ariane avec Germain, ou inversement ambigus avec le roi Louis XIII ; vous comprendrez les raisons qui l’amènent à devenir un justicier masqué, son lien avec l’épervier, la définition de ce personnage particulièrement théâtralisé, ses astuces pour préserver son identité… En outre, les dialogues exquis sonnent également très justes : ils tendent vers le « vieux françois » de l’époque, tout en demeurant parfaitement limpides. De fait, cette troisième et dernière intégrale est beaucoup plus réaliste et passionnante que la seconde, appartenant à un registre plus rocambolesque et grand-guignolesque. Le dessin réaliste peaufiné de Michel Venanzi, de plus en plus élégant, se met parfaitement en phase dans les décors et les costumes avec l’ère historique de la Renaissance. La boucle est bouclée avec cette fin de cycle très réussie…