L'histoire :
L’oncle de Maya lui explique que la planète Terre est plutôt petite, par rapport aux autres géantes de notre système solaire, ou du soleil lui-même. Soleil qui est bien petit par rapport à Antarès ou Canis Majoris, au sein de notre voie lactée. Notre voie lactée, qui regroupe 200 milliards d’étoiles et appartient à un « groupe local », soit un amas de 60 galaxies. Ce groupe local est petit, comparé à ses voisins, notamment l’amas de la vierge qui contient plus de 2500 galaxies. Ces amas de galaxies sont regroupés en « superamas »… Mais stop ! Là, les explications d’oncle Eugène dépassent l’entendement de Maya, et ressemblent à une banale mécanique de matriochkas. A l’origine, Maya voulait juste savoir si « Dieu » existe. Eugène lui rétorque que s’il voulait en passer par une description de l’univers, c’est pour expliquer la phrase du scientifique Stephen Hawking : « Nous sommes des êtres insignifiants vivant sur une planète mineure dans une galaxie parmi des centaines de milliards, alors il est difficile de croire en un dieu qui se préoccuperait de nous ». Maya reste dubitative. Elle passe à un autre sujet : est-il possible que les végétaux soient intelligents ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Maya est une nouvelle venue dans le registre de la circonspection intérieure philosophico-socialo-scientifique. Elle se trouve au carrefour de Calvin & Hobbes – pour sa capacité à s’isoler dans la nature pour méditer sur le sens de la vie – de Mafalda – comme elle, elle est une fillette qui se pose tout un tas de questions sensées – de Pico Bogue – elle a tendance à remettre systématiquement en cause les explications des adultes, car elle en décèle toujours une faille d’honnêteté – et de Game over – parce que l’auteur et dessinateur n’est autre qu’Adam, le comparse de Midam sur cette série de gags muets et gores. Pour autant, à travers des historiettes qui s’enchainent (sans interludes ni titres intermédiaires), Maya trace sa propre route de questionnements intimes, notamment autour de sujets bien de son âge et de notre époque. Avec un joli sens de la formule et des dialogues parfaitement ciselés, Adam la fait en effet majoritairement deviser sur trois questions majeures : 1. L’infini de l’univers et la place de Dieu dans tout ça ; 2. Il faut arrêter de bouffer de la viande pour sauver la planète (et c’est tout de même ignoble envers les animaux) ; 3. Les réseaux sociaux et bigdata sont tout de même des outils modernes dont la puissance est inouïe et qu’on ne contrôle pas franchement. Adam évite bien de donner des leçons prémâchées et fait deviser et progresser ses personnages sur la voie de « la sagesse » en alternant subtilement les arguments et les contre-arguments. Il trouve un surcroît d’originalité en accordant un sacré traumatisme infantile à sa petite héroïne, dont on découvre plutôt le périmètre vers la fin : elle est élevée par son oncle, car ses parents ont disparu dans un accident d’avion. Ce premier tome s’achève sur une queue de poisson, qui donne bien envie d’en avoir un second ! Ça tombe bien, a priori, c’est prévu.