L'histoire :
Méto n’a aucun souvenir de ce qui l’a amené ici. Il n’a pas non plus la moindre idée de l’objectif final qu’on lui impose. Toujours est-il qu’il fait partie des 64 adolescents qui sont enfermés et éduqués à la dure, dans une sorte d’internat à l’organisation très codée, sur une île isolée. Ils sont réveillés comme chaque matin à 7h30, mais cette fois par un bruit de craquement. Aïe ! C’est le lit de Quintus qui a craqué, signe qu’il va devoir quitter le groupe. « Ils » vont venir le chercher. Ses copains sont sincèrement désolés pour lui, mais ils ont appris à être dociles. Ils se tiennent donc au garde à vous, les yeux fermés face à leurs lavabos, tandis que les bruits de pas résonnent dans le couloir. Méto, lui, entrouvre une paupière pour apercevoir enfin leurs mystérieux geôliers. Puis la stricte même journée que d’habitude se déroule, selon les mêmes horaires, les mêmes règles, la même routine qui se répète inlassablement, sous la surveillance des Césars. Une petite différence se profile toutefois pour Méto : pour remplacer Quintus, un nouveau intègre le groupe, Crassus ; or ce dernier est placé pendant un mois sous la responsabilité de Méto. Il va devoir lui apprendre les règles et à la moindre faute, c’est lui qui trinque. Il y a deux types de punitions, en fonction de la gravité de la faute : soit une claque tournante, soit la chambre froide pendant une ou plusieurs journées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine, Méto est une série de romans d’anticipation à succès, signée Yves Grevet, vendue à plus de 100 000 exemplaires, traduite en 8 langues et récompensée par 13 prix littéraires. Or le public-cible des « young-adult » (13-25 ans) correspond à la définition de la nouvelle collection Log-in ; et l’intriguant sujet dystopsique se prête effectivement fort bien à l’adaptation BD. Le ton est immédiatement donné par une ambiance carcérale et totalitaire : 65 ados sont éduqués à la dure, sans le moindre souvenir parental, ni but avoué, au sein d’un établissement défini par des règles plus que strictes. Nous ne connaissons ni le lieu (une île, vraiment ?), ni l’époque (fictive ?). Et pour découvrir l’environnement et ses rites, durant 78 planches, nous allons accompagner les pensées et le quotidien de l’un d’eux, appelé Méto, dans sa quête de compréhension et d’émancipation (secrète !). Les métaphores sont nombreuses : à la fois sur l’acquisition de l’indépendance pour la transition vers l’âge adulte, la discipline sociale nécessaire pour une vie communautaire, le non-sens de la vie… Et les nombreux mystères laissés en plan par ce canevas de départ offrent encore un terrain d’exploitations narratives et philosophiques jubilatoire. L’adaptation séquentielle du scénariste Lylian et du dessinateur Nesmo fonctionne pleinement. Le premier parvient à rendre l’esprit du roman, les pressions inhérentes à un tel contexte et la soif de liberté et de compréhension de ces young-adults. Le second parvient admirablement à donner corps à cet environnement bizarre, à varier les décors – une gageure dans un huis-clos ! – à rendre les personnages attachants. Signalons enfin le joli boulot du coloriste Christian Lerolle, qui accorde les bonnes ambiances en variant le jeu de lumières, tantôt blafardes, tantôt rasantes, tantôt obscures, toujours artificielles…