L'histoire :
Juin 1927. Attablé chez lui, dans une paisible petite ville de province, Mickey est en train de terminer l’écriture, à la machine à écrire, d’une nouvelle aventure héroïque de Dog – alias le futur Pluto. Satisfait de son scénario, il décide de l’apporter au producteur hollywoodien avec lequel il travaille régulièrement. Dès le lendemain, Mickey fait donc le voyage en train, jusqu’à Los Angeles. Mais au dernier étage du building Shooting Star, dans le bureau du producteur, celui-ci blasé torpille tous ses espoirs : il lui faut du drame, de l’amour, des larmes, du Shakespeare ! Mickey en ressort avec plein de questions en tête. Il profite toutefois de son passage en ville pour rendre visite à son ami Dingo, bouquiniste. Toujours jovial, son ami est en train de fermer définitivement boutique. Il a en effet réalisé « l’affaire du siècle », ce qui lui a permis de s’acheter dès maintenant un yacht et tout son équipage. Mais il n’explique pas de quoi il s’agit, tant que ce n’est pas définitivement signé. Mickey a tout de même le privilège de passer une nuit en mer, nuit au terme de laquelle il reprend le train vers chez lui, afin de retravailler son scénario. Cependant, profitant d’une coupure de courant dans son compartiment, une mystérieuse jeune femme a pris sa place. Mickey parvient toutefois à s’asseoir à côté d’elle et passe le trajet dans le noir, avec la tête d’une inconnue endormie sur son épaule…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’accord de droits entre Disney et les éditions Glénat permettent dès 2016 une ouverture créatrice aussi géniale que dingue : des auteurs franco-belges peuvent désormais proposer LEUR aventure de Mickey. Pour ouvrir le bal, Cosey en solo, fidèle au romantisme dont il a toujours fait preuve au sein du 9ème art, imagine la rencontre entre la célèbre souris et son amoureuse. Car dès sa première aventure de 1928, dans le dessin animé Steamboat Willie, Mickey est, de fait, accompagné de Minnie… Jamais personne, jusqu’à présent, ne s’était interrogé sur leur rencontre. Or quoi de plus romantique qu’une première nuit dans le noir total d’un compartiment de train, auprès d’une inconnue aussi délicieuse que sulfureuse (elle lui pique son manuscrit !). Cosey situe donc son aventure une année plus tôt, en 1927, une période où l’émulsion hollywoodienne promettait un formidable siècle de cinéma. En cohérence avec ce contexte, Cosey met en scène les personnages dans leur style graphique de l’époque : Mickey porte juste son short rouge et ses chaussures jaunes. On croise aussi Dingo, Horace, Clarabelle ; quand à Pluto, il ne s’appelle pas encore comme la planète qui vient juste d’être découverte (le récit fait d’ailleurs un clin d’œil à cette anecdote). Sur ce plan, Cosey réussit pleinement le mariage étonnant entre son style propre (les cadrages, les clairs-obscurs…), sa gamme colorimétrique « Jonathanienne » et le cahier des charges établi par Floyd Gottfredson. De-ci de-là, on croise encore des personnages ou éléments hommages aux premières productions dessinées ou animées des studios Disney (les premiers Silly Symphonies en couleurs, dès 1932) : ici une brave locomotive, là un petit bateau, voire encore les fleurs dansantes de Flowers and Tree… L’hommage est bien là, prégnant et réussi. Dans le ton, il ne s’agit pourtant pas exactement « d’un Mickey », dans le sens où cette aventure manque crucialement d’aventures bondissantes (Pat Hibulaire est juste évoqué en coupure d’un journal) et du minimum de pêche nécessaire à accrocher le lecteur de 7 à 77 ans. Mais c’est un vrai Mickey « à la Cosey », tel que cela était d’ailleurs proposé à l’auteur helvète.