L'histoire :
Automne 1886. Monet rentre de Belle-Île, où il a bravé les éléments pour réaliser ses toiles. Sur un papier d’emballage, il découvre une estampe japonaise montrant des fleurs aquatiques étranges : les nymphéas. Il rentre passablement énervé par le dernier roman de Zola, qui évoque un certain Claude Lantier, un peintre impressionniste de son état, véritable incarnation de la misère et de l’échec. Quand il arrive chez lui, il tombe sur un galeriste new-yorkais ramené par son ami Durand-Ruel : Mister Hawkins. Celui-ci ne manque pas de lui dire que ses toiles rencontrent un franc succès outre-atlantique. Il souhaite convaincre Monet de venir peindre les tours de Manhattan. Mais Claude Monet a une autre idée derrière la tête. Derrière sa fenêtre, il y a un potager où la lumière change. Chaque saison y apporte son lot de couleurs. Il y a de quoi inspirer plus de cents vies humaines. Monet ne veut pas s’arrêter là : il fait part de son désir de peindre des nymphéas. Plutôt que d’aller au Japon pour le faire, comme le suggère son hôte américain, Monet est décidé à créer chez lui, à Giverny, un jardin abritant ces fleurs d’eau.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Contrairement à beaucoup d’artistes, Monet a connu la gloire de son vivant, grâce son marchand Paul Durand-Ruel qui revendait ses toiles à prix d’or aux américains. Confortablement installé à Giverny (600 000 visiteurs par an s’y pressent de nos jours), l’artiste adore travailler en extérieur. Il décide, à 53 ans, de racheter des parcelles attenantes à sa maison pour établir un jardin japonais inspiré d’estampes découvertes. Il prend conseil auprès de pépiniéristes qui l’aident à faire pousser à Giverny des végétaux rares et recherchés. Il veut que la nature se développe tout en la guidant. Il va même jusqu’à créer lui-même de nouvelles variétés avec ses boutures : Monet est un vrai peintre-jardinier. Il crée la nature avant de la représenter picturalement. Dans son scénario nébuleux, on a l’impression bizarre que Frank Secka oublie le personnage principal de Monet pour évoquer l’histoire d’amour entre le jeune Francis Hawkins et à la protégée du peintre, la belle Émilie, qui prend trop de place. Il ne reste que le goût immodéré de Monet pour la nature qui change de visages au gré des saisons... et ses colères légendaires, son entourage (Guitry, Renoir…) pour se dire qu’on est bien en face d’un biopic de Monet. Ce choix est quelque peu déroutant. Heureusement, le dessin de Gravé apporte une fluidité et un dynamisme au récit d’un peintre contemplatif, mais toujours en perpétuel mouvement. Un album mi-figue, mi-raisin, qui reste malgré tout intéressant pour connaître l’univers de ce grand peintre.