L'histoire :
A Paris, en mai 1928, les pontes de la Compagnie Générale Transatlantique (CGT) décident de la construction du plus puissant paquebot jamais construit. L’époque offre à de nombreux migrants de rejoindre le continent américain, et la traversée de l’océan est encore le seul moyen de rejoindre les deux rives. L’objectif est alors au gigantisme (il fera 4 fois et demie le poids de la Tour Eiffel !) et pas seulement pour rayonner et postuler au rang des grandes nations. On veut battre des records de taille, de vitesse et d’effectifs pour rentabiliser les traversées. Hélas, la crise de 1929 vient considérablement perturber la conception du navire. En 1931, alors que la première tôle est en posée au sein d’un chantier naval démesuré, l’Etat français est obligé de racheter la CGT en faillite. L’ambition est maintenu pour ce paquebot, qui sera baptisé le Normandie en octobre 1932 (c’est une tradition de donner le nom d’une région… qui a ici l’avantage de fort bien se prononcer en anglais) et mis à l’eau en grandes pompes. Les finitions, les aménagements, la décoration luxueuse demanderont encore 2 ans et demi, pour qu’il puisse effectuer sa première traversée commerciale en mai 1935…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cet album collectif dédié à un paquebot de légende, nous entrons de plain-pied dans le registre de l’ouvrage de commande, culturel et didactique. 7 dessinateurs (Christian Boube, François Ravard, Gwendal lemercier, Fred Simon, Cédric Fernandez, Mickaël Ravin, Erwan le Saëc) et 3 coloristes (Myriam Lavialle, Jean-Luc Simon et Tatiana Domas), aux styles inégaux mais globalement réalistes et talentueux, illustrent tour à tour des séquences de 4 pages rythmant les étapes de vie de ce navire de légende. Chacun de ces focus a été chronologiquement scénarisé par Pierre-Roland Saint-Dizier, sous la caution des historiens Daniel Sicard et Frédéric Ollivier. En outre, en ouverture de chacun de ces courts récits, un article complet se charge de poser précisément le contexte et de s’étendre sur les détails que la BD ne peut entièrement transmettre. Sur ce point, l’exercice de bande dessinée est « frustré » et l’art séquentiel au sens noble n’en sort guère valorisé. Néanmoins, le but de l’album est atteint : la dernière page tournée, on a parfaitement compris la démesure de ce bâtiment maritime hors norme et on en connaît désormais le tragique destin. Car ce paquebot qui ferait encore aujourd’hui partie des 10 plus imposants jamais construits par l’homme, ne fut en service commercial que de 1935 à 1939… avant qu’un incendie ne le ravage et le fasse chavirer en baie de New-York en 1941. Chaque auteur s’est donc sérieusement investit pour que le « job » soit bien fait, quand bien même le souffle épique de la grande aventure n’y est guère… mais ce n’était sans doute pas l’objectif.