L'histoire :
Paris est en fête en ce 6 janvier 1482 ! Les parisiens s’éveillent au bruit des cloches sonnant à grandes volées. En effet, ce jour des rois coïncide également avec la fête des fous. De fait, bourgeoises et bourgeois affluent de toutes parts en direction de l’immense salle du palais de justice qui doit accueillir la représentation d’une pièce de théâtre liturgique ainsi que l’élection du pape des fous. La foule bariolée et bruyante se répand donc dans les rues de Paris, tel un fleuve qui déborde. Au-dessus d’elle, il y a beaucoup de monde aux fenêtres, aux lucarnes, sur les toits et les corniches : tous veulent assister à l’arrivée de la cohue. Depuis les bourgs et les faubourgs, tout le monde se dirige vers le cœur de la cité car la pièce de théâtre doit commencer au douzième coup de midi sonnant à la grande horloge du palais... De fait, la foule continue de s’épaissir. Mais petit-à-petit, des querelles éclatent dans ce brouhaha général et on commence à se plaindre des ambassadeurs retardataires, du prévôt des marchands, du bailli de Paris etc. On se plaint aussi du chaud, du froid... et tout devient prétexte à des imprécations. Rien ne se passe comme prévu. La tension est à son comble au grand amusement de bandes d’écoliers et d’étudiants facétieux qui se gaussent de tout. Malheureusement, la pièce de théâtre n’aura pas lieu, au grand désarroi de la population, laissant la place à un sinistre spectacle : l’élection du pape des fous...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’indéboulonnable Georges Bess a le vent en poupe. En effet, après avoir superbement adapté les romans Dracula de Bram Stocker et Frankenstein de Mary Shelley, voilà que l’artiste s’attaque à un autre monument de la littérature : Notre-Dame de Paris de Victor Hugo ! Visiblement conscient de l’ardeur de la tâche, l’artiste plonge à corps perdu dans le Paris médiéval au cœur d’une société brutale et obscurantiste où règnent le bûcher et la loi du plus fort. Au fil du récit, le lecteur découvre que l’œuvre de Victor Hugo est plus moderne et contestataire qu’il n’y paraît. Ainsi, dans cette société de superstition et de haine de l’hérétique, la belle Esmeralda se pose comme la figure centrale de toutes les convoitises et des sombres complots. En ce qui concerne la partie graphique, Georges Bess a encore une fois opté pour un noir et blanc fortement encré et classieux qui met parfaitement en relief ce récit historique et romanesque. Le contraste et le jeu des lumières collent bien aux ambiances du Paris d’antan au pied de la cathédrale Notre-Dame. Ce Notre-Dame de Paris sous la plume de George Bess s’avère être d’une remarquable intensité, à la fois majestueuse et imposante. L’artiste a su se saisir du mythe créé par Hugo pour en ressortir une fresque épique, magnifiée par un noir et blanc somptueux. Quelle classe !