L'histoire :
A la fin du XVIIIe siècle, Emie, une jeune et cultivée écossaise, a traversé l’Atlantique, mené une mutinerie et surmonté mille périls sur les côtes du nouveau monde, pour retrouver ses deux enfants, enlevés par son époux, le colonel Thurney. Ewan et Suzanne s’épanouissent depuis plusieurs mois au sein d’une tribu indienne, grâce à laquelle ils ont appris bien des subtilités de la nature. Or à peine Emie peut-elle les serrer dans ses bras, que le capitaine Elgrave et son navire de guerre les rattrape déjà. Il fait donner du canon sur le village, quitte à faire un carnage parmi ses compatriotes : il a fait de la capture d’Emie une question d’honneur ! Emie, ses amis et ses enfants sont donc contraints une nouvelle fois à la fuite… mais étrangement, les anglais ne les poursuivent pas, cette fois. Ils ignorent qu’Elgrave connaît leur destination par avance, car il a capturé et fait avouer Bryan. En s’enfonçant dans la forêt, le petit groupe rencontre un inquiétant chasseur de grizzly français, qui leur propose le gîte, sous un tumulus viking rempli de bouquins ! L’homme a en effet plus d’une ressource : jadis, il était relieur à la cour du roi de France. Il propose d’ailleurs à Emie de sauver ses petits carnets des flétrissures du temps. Emie profite de l’accalmie pour se reposer et feuilleter un ouvrage allemand. Grand bien lui en prend…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un sticker en couverture donne la juste tonalité de cette saga d’aventure, dans la même veine que les grands romans du genre signés RL Stevenson (L’île au trésor) ou Fenimore Cooper (Le dernier des Mohicans). Ici, le scénariste Denis-Pierre Filippi met en scène une héroïne dotée de (trop ?) nombreux atouts : elle est jeune et jolie, mais aussi lettrée et scientifique – ce qui est rare à cette époque phallocrate – voire encore dotée d’un tempérament farouche, d’un sang froid hors norme et enfin, elle est mère aimante de deux enfants tout aussi précieux. Dans son sillage – et à sa poursuite – évoluent une flopée de seconds couteaux, dont aucun n’a suffisamment d’importance pour survivre aux attaques foudroyantes qui ponctuent régulièrement l’épopée. Leurs ennemis sont nombreux dans ces contrées inconnues aux paysages luxuriants : soldats anglais obstinés, tribus indiennes hostiles, grizzlys sauvages… Ou encore un trappeur ermite aux velléités vicieuses, une rivière souterraine et une communauté vivant recluse en autarcie dans une Vallée perdue. La narration emprunte le même rythme particulier que sur le premier tome, alternant l’action tendue au présent (cases aux coins carrés) et les flashbacks (cases aux coins arrondis), qui permettent de comprendre les évènements passés et d’explorer la personnalité exceptionnelle d’Emie. Au dessin, Gilles Mezzomo a juste peut-être tendance à laisser parler ses automatismes : néanmoins toujours très pro, sa partition graphique se montre un peu plus prévisible et elle attribue moins de place aux vastes décors dudit Nouveau monde. Cette série demeure néanmoins très agréable à suivre, pour qui apprécie les aventures hardies du XVIIIe siècle…