L'histoire :
Exilés sur le « nouveau monde » (actuels USA), Emie et ses baroudeurs se sont réfugiés dans un village reclus, tenu d’une poigne de fer par un pasteur tyrannique. Emprisonnés, ils se sont évadés. Puis, plutôt que s’enfuir, ils se sont planqués dans l’église centrale, à l’endroit où – pensent-ils – on risque le moins de les chercher. Ils en profitent pour libérer leur ami Powa, considérablement affaibli après avoir été enfermé plusieurs jours dans une malle. Mais quand le pasteur est de retour, en compagnie de soldats anglais, il flaire que la bande se cache dans son église. Il menace d’y bouter le feu, ce qui force les fugitifs à sortir et à se lancer dans une petite explication publique. L’âme de chef d’Emie, ainsi que son aisance verbale, ont pour conséquence de retourner certains villageois contre le pasteur. Une confrontation éclate, qui aboutit à la mort du pasteur : l’indien Haloke lui décoche deux flèches dans le buste et le scalpe devant tout le monde. Mais cette rébellion victorieuse ne signe pas pour autant la fin de leurs ennuis : immanquablement, le gros de la troupe d’anglais devrait suivre. Car Andrew, le père des enfants d’Emie, est toujours à la tête des soldats britanniques. Or lui aussi, veut plus que tout retrouver sa « petite famille » ! Emie et les siens n’ont que quelques jours pour se préparer. Ils apprennent donc aux villageois à se battre et repèrent le terrain pour un guet-apens…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rappelons tout d’abord le contexte historique de cette série : celui de la guerre d’indépendance américaine et des alliances tortueuses et versatiles avec les nombreuses tribus indiennes qui peuplent le Nouveau monde. Dans ce troisième épisode, malgré une pause dans un village reculé, l’étonnante petite troupe dirigée par la jeune et cultivée Emie poursuit sa sanglante fuite en avant, ponctuée de confrontations et de pertes funestes. Il semble que l’aventure puisse durer longtemps ainsi : Emie et son « époux » ennemi se rattrapent, se distancent, se provoquent, se haïssent… Dans leur sillon, tous les autres protagonistes sont bien obligés de suivre, avec – semble-t-il – le plaisir de la grande aventure ultra-périlleuse pour unique horizon. D’autre part, ça tombe bien : l’aventure avec un grand A est justement l’intention des auteurs, Denis-Pierre Filippi au scénario et Gilles Mezzomo au dessin. Le premier fait aussi progresser dans cet opus les relations entre Emie et Tyron. Visiblement, il en a terminé avec les parenthèses en flashbacks qui nous éclairaient sur le passé d’Emie : le périple se poursuit dans une même continuité, sur ce tome 3. Mezzomo, quant à lui, prend visiblement un grand plaisir dans le registre du western (avec Filippi, il avait déjà œuvré sur l’excellent Ethan Ringler). Surtout, cette fois, il doit se surpasser pour mettre en scène le tumulte des batailles : pas moins de 4 sont au menu, à grand renfort de tirs de mousquets, d’épées, de flèches indiennes et de canons anglais, entrecoupées de séquences plus contemplatives sur ce Nouveau monde aussi prometteur que décidément très sauvage…