L'histoire :
Paris, entre Noël et le Nouvel An. Un éminent zoologiste est assassiné pendant sa conférence devant un parterre de scientifiques. Dépêchée sur les lieux du crime, la jeune inspectrice Katô suit son intuition et pense que cet homicide n’est que la surface émergée d’un iceberg bien nébuleux. En effet, d’autres événements suspects et tragiques secouent la Capitale : un groupe d’individus place des charges explosives dans les laboratoires Ethicon Biogène, un homme d’une soixantaine d’années est étranglé par des plantes dans le magasin d’un pépiniériste, un commis de cuisine se fait attaquer par les poissons alors qu’il plonge sa main dans l’aquarium d’un restaurant… La nature se rebelle et laisse entrevoir que d’autres soucis majeurs vont surgir. Conséquence de l’Évolution accélérée par la main de l’Homme ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aujourd’hui, l‘humanité est confrontée à de multiples problèmes. La faute à une logique économique galopante. En effet, à cause d’elle, nous pouvons cloner un animal, nous explorons les possibilités immenses de la thérapie génétique, nous sommes capables de faire monter les océans de plusieurs mètres par nos dégâts environnementaux. A force de jouer à Dieu et de nuire à la planète, un jour, l’Homme va bien finir par payer l’addition. On commence à en voir les premiers effets : les tsunamis se font de plus en plus fréquents, les épidémies de plus en plus meurtrières, les espèces animales et végétales disparaissent tous les jours… Nuisible (le qualificatif idéal pour l’espèce humaine ?), nouvelle série signée Mathieu Mariolle (Smoke City, Pixie, De sang froid…) traite de tous ces thèmes et pose la question des limites du progrès scientifique. Le sujet est ici développé avec intelligence, à travers un jeu de pistes savamment orchestré, autour d’une société Ethicon Biogène. Dommage que ce soit si tortueux dans la narration. Les textes sont un peu longs et nuisent ( !) à la fluidité du récit (sûrement pour mieux installer les bases de l’intrigue). Heureusement, au fur et à mesure de la lecture, le blabla s’estompe pour laisser place à l’action. Le coup de crayon à la sauce PC, les cadrages audacieux, le découpage efficace (somptueuse scène sur les rails de la ligne 14 du métro parisien) d’Alfio Buscaglia (100 âmes) sont impeccables, renforcés par les couleurs lisses et froides de Boccato. Ils posent les bases d’une ambiance inquiétante qui n’est pas sans rappeler les meilleurs films d’anticipation comme L’Armée des 12 Singes ou Bienvenue à Gattaca. La fin du premier tome augure un deuxième prometteur… si la nature nous en offre le temps !