L'histoire :
Vers le XVIIIe siècle, sur un marché aux esclaves se tenant dans une ville portuaire africaine, un puissant et ventripotent gouverneur blanc enrage de ses douleurs lancinantes. Il l’ignore, mais il est martyrisé par l’entremise d’une poupée vaudou. Sur l’échafaudage d’une église en construction, Perle et Blanche, deux jeunes femmes souples et athlétiques, se préparent à passer à l’action pour délivrer une poignée de nègres destinés au commerce triangulaire. Une explosion, et le chaos qui s’ensuit couronne leur entreprise de succès. Les hommes ont recouvré leur liberté, Perle et Blanche ont de surcroit volé le carnet du gouverneur contenant les dates des prochains bateaux. Son contenu les décide, elles et la bande, à remettre ça dès le lendemain à l’aube, sur une caravelle qui s’apprête à accoster. Mais il s’agit d’un piège habile, qui permet aux autorités de capturer Blanche et ses hommes. William, l’ethnologue du roy qui a eu l’idée du traquenard, demande alors au capitaine comme une faveur de procéder à l’interrogatoire de la jeune femme, dans sa cabine. Trop courtois, il lui permet involontairement de s’enfuir, immédiatement.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici venu le premier tome d’une histoire de piraterie en diptyque, un registre certes à la mode, mais néanmoins bien loin des standards du genre. En effet, ici, les pirates n’ont ni jambe de bois, ni perroquet sur l’épaule : ce sont deux jeunes femmes intrépides, aux courbes gracieuses, mues par un idéal de liberté. Leur trésor à elle, c’est de faire recouvrir la liberté aux esclaves noirs voués au commerce triangulaire ; et elles disposent de deux armes secrètes : la magie vaudou et leurs acrobaties permises par leur souplesse – comme le prouve l’hallucinant galbe fessier en couverture. L’aventure scénarisée par Sébastien Floc’h est particulièrement rythmée et ne s’attarde guère sur les profils psychologiques des protagonistes. Qui sont ces jeunes femmes, exactement ? Nous ne le découvrirons que globalement, en les côtoyant dans leurs exactions. Les gros dévoreurs de 9e art, avides de nouveauté et d’originalité, seront peut-être un peu déçus : ce type d’aventure historique, un petit peu archétypée, un petit peu ésotérique, parait suranné au regard des sillons narratifs actuels. Ils seront assurément plus enchantés par le dessin de Laurence Baldetti. Au sein d’un découpage dynamique, l’artiste dont c’est ici la première réalisation, jongle avec dextérité avec les cadrages, les profondeurs, les variations d’angles, les mouvements, en empilant les séquences sans perdre de temps. Un divertissement agréable, qu’il reste à confirmer sur une deuxième partie…
