L'histoire :
Au tout début des années 60 aux Etats-Unis, la campagne électorale bat son plein pour choisir le successeur de Dwight Eisenhower. John Fitzgerald Kennedy va l'emporter. Mais avant même sa prise de pouvoir, une opération secrète est engagée, et confiée à la CIA. Il faut déloger Fidel Castro du pouvoir à Cuba. Le jeune révolutionnaire dont les premiers mois étaient vus d'un bon œil par le voisin américain a en effet donné un tournant imprévu à sa politique économique. Des nationalisations, la décision de redistribuer les terres, une approche qui ne va pas convenir à tous ceux dont l'île était l'arrière-cour d'activités fructueuses. Parmi ces acteurs qui s’accommodaient très bien du dictateur Battista, il y avait entre autres la mafia qui gérait les casinos et les réseaux de prostitution. Un faisceau d'intérêts va converger, que le jeune président ne va pas chercher à remettre en cause, et des troupes au sol s'approchent bientôt de l'île. L'entraînement d'une troupe de soldats, mercenaires, repris de justice va débuter dans un camp au Guatemala, pour que le jour J, le pouvoir castriste soit renversé sans coup férir. Mais l'opération secrète va lamentablement échouer, et ce sera le début de décennies de tensions, invectives, sanctions entre un petit pays communiste et son grand voisin tout proche.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome de la série Rendez-vous avec X ne révolutionne pas le genre de l'Histoire racontée en BD, tout en tentant de respecter le principe de l'émission de radio dont il s'inspire. Une voix off (ici représentée par un type en costume et chapeau à l'ancienne) raconte un évènement du passé récent sur le ton du secret. Il apporte des éléments précis du contexte de l'époque qui, souvent, ne sont pas connus du grand-public. Dans le cas de l'attaque de la Baie des Cochons, ce sont les relations de Kennedy avec les milieux mafieux américains qui constituent le fait marquant du récit. On découvre de quelle manière la décision américaine de tenter de renverser le régime de Fidel Castro (tout jeune à l'époque), avait des raisons bien plus complexes qu'une simple illustration de la guerre froide avec l'URSS. L'auteur rappelle de manière structurée comment le régime cubain avait tenté, dans ses premiers mois, d'établir des relations normales avec son voisin américain, mais de quelle manière la tentative a tourné court avec les premières décisions à caractère économique. Le résumé est simple mais équilibré, le scénariste Dobbs ayant réussi à extraire l'essentiel tout en rythmant son récit autour de la préparation de l'attaque et des surprises qu'elle provoque. L'ensemble est très bien mis en scène par Mr Fab, dessinateur réaliste solide, qui reproduit avec efficacité les gueules devenues immortelles de Kennedy, Castro et Guevara.