L'histoire :
C'est le 13 mars 1905, dans une salle du musée Guimet, que le tout Paris va découvrir une danseuse dont on dit qu'elle va révolutionner le genre. La très belle femme brune qui apparaît bientôt va en effet envoûter les spectateurs par ses danses que l'on dit venues des Indes, mais surtout parce qu'elle va montrer son corps presque nu sous des applaudissements tonitruants. Gabriel Astruc est dans la salle, il décide immédiatement de prendre la jeune danseuse en charge, et va transformer en triomphe ce premier succès confidentiel. Les plus grandes scènes parisiennes voient Mata Hari danser et montrer son corps, jouant sur un exotisme culturel qui sert de prétexte à beaucoup pour accepter le choc visuel qu'elle représente. Une rencontre amoureuse va pourtant éloigner la jeune femme de Paris pendant quelques mois, et de nouvelles figures vont prendre le devant de la scène, comme Colette ou La Belle Otero. Pour vivre sa vie de femme de manière indépendante, préserver sa carrière et maintenir un train de vie à la hauteur de ses ambitions, Mata Hari va devoir faire des choix parfois difficiles. A moins que la proposition d'un officier allemand, juste avant un retour en France, ne soit un moyen de gagner de l'argent facilement...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour apprécier pleinement ces albums consacrés aux grandes figures de l'espionnage, il faut (si possible) aller brièvement écouter un podcast de Rendez-vous avec X, et entendre la voix du fameux Monsieur X de l'émission de France Inter. Au-delà du raisonnable, elle reste en mémoire lorsque le personnage dont on ne voit jamais le visage intervient en cours de récit. L'histoire de Mata Hari est passionnante. Les auteurs réussissent très bien à nous plonger dans l'époque et à rendre très actuels les comportements des contemporains de l'espionne. La personnalité de la danseuse est très forte, et la manière dont le scénario la transporte dans les prémices de la première guerre mondiale est habile. Comme dans les volumes précédents, la rencontre du journaliste et de l'agent secret qui permet toutes ces révélations provoque des aller-retours avec le passé qui aèrent le récit, et en font autre chose qu'un simple résumé de la vie d'un personnage célèbre. Graphiquement, le travail d'Olivier Roman est élégant, plein de détails mais évitant l’esbroufe, et ce malgré des couleurs qui sont parfois trop chargées et impersonnelles. La finesse de son trait colle au ton finalement plutôt léger de l'album, porté par le caractère étonnant de son personnage principal, et ce malgré une fin évidemment tragique.
