L'histoire :
Nina, la petite sœur de Rubeus, a été la victime collatérale des sauvages règlements de compte mafieux inter-gangs qui sévissent dans les favelas de Rio, et dans la guerre que leur mène une police corrompue. Ravagé par ce drame, Rubeus se réfugie la nuit dans la magie noire, au contact d’une sorcière qui vit dans les hauteurs, Capitu. Celle-ci lui laisse entrevoir un destin vengeur grandiose, aidé par les forces du mal et la réincarnation de sa mère… Elle n’est en réalité qu’une manipulatrice de plus. Le jour, il fait tourner l’ONG de son père adoptif, dans une voie un peu trop humanitaire, qui déplait à la petite économie mise en place par le baron local, Zé Rico. John White, le père adoptif de Rubeus tente quant à lui de faire aboutir un procès, dont les témoins sont par nature évasifs. Mais à la demande de son épouse, le couple s’en retourne dans leurs USA natives. La période et celle des préparatifs pour le fastueux carnaval. C’est le moment choisi par Zé Rico pour annoncer sur scène et sous les paillettes qu’il se présente à un poste de député. Le service d’ordre et la claque sont assurés par le chef de gang Mozar, qui a signé un pacte de non-agression avec Rubeus. Mais Rubeus est témoin par inadvertance d’un assassinat au sein du gang de Mozar. A priori, le bras droit « le rat » est en train de porter un coup en traître…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En s’immergeant dans ce thriller urbain contemporain prenant pour cadre les favelas du Brésil, on se confronte à la sauvagerie ultime, à la corruption crasse et mafieuse, encore plus aveugle et monstrueuse que celle qui sévit dans le Naples de la série TV Gomorra. La série Rio est un petit cousin de Cuerbos, la problématique de la drogue en moins, mais les magouilles politiques et sociales en plus. Et le pire, c’est que les auteurs Louise Garcia (au scénario) et Corentin Rouge (au dessin) mettent en scène ces drames néo-shakespeariens de manière tellement réaliste, qu’on en déduit qu’ils sont proches, très proches des mœurs authentiques, des ambiances de non-droit qui régissent ces bidonvilles en espalier péri-urbains. A chaque tome, son lot d’ignominies, de traitrises, de victimes… dans cette veine, vous ne serez pas déçu avec ce tome 3, qui comporte une double traîtrise, une traque et une fusillade massive et spectaculaire. A la fin du tome 2, nous avions laissé Rubeus orphelin de sœur, dans une détresse intérieure terrible… et bien imaginez qu’il sombre encore plus bas dans cet avant-dernier opus. Deux nouveaux éléments de décor apparaissent : la magie noire (pseudo vaudou) et les fastes et les paillettes du carnaval (passage obligé dans une série baptisée Rio). Le dessin réaliste de Corentin Rouge demeure de haut vol, particulièrement spectaculaire sur les scènes carnavalesques, et trépident tout du long, étant donné la tension narrative savamment entretenue. Il y a tout de même de grandes chances que tout cela se termine mal… au prochain tome !