L'histoire :
Après avoir tué Zé Rico et Mozar, Rubeus est devenu le leader redouté et respecté de sa favela de Rio de Janeiro, Beija Flor. Il a organisé son quartier en une économie locale autarcique, en optimisant l’aide humanitaire et en défiant les autorités corrompues. Légitime et charismatique, il protège son assise en s’entourant d’une milice armée particulièrement disciplinée. Ainsi, lorsque deux journalistes de TV Gobo viennent jusqu’à lui pour une interview, ils doivent montrer patte blanche en passant différents barrages et filtres successifs. Tranquillement installé sur une terrasse avec vue sur la favela, entouré de sa garde rapprochée, Rubeus dénonce alors en direct le narcotrafic organisé par les politiques. Il incrimine en outre le capitaine de police Jonas Moura, qui a essayé de l’assassiner lors du massacre de la Candelaria. Il lui reproche d’être l’une des pires brutes à l’origine de la « sécession » du quartier. Le gouverneur de la région et le Président de la République en personne suivent en direct ces accusations. Ils ne peuvent laisser impunies ce qu’ils considèrent comme des calomnies. Ils lancent aussitôt une guerre de réappropriation du territoire. Au même moment, au sommet de Beija Flor, la sorcière Capitu continue les rites sataniques pour manipuler Rubues, dont elle est enceinte. Bakar et Luana sentent quant à eux le vent tourner et s’apprêtent à fuir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’image d’une tragédie classique, mais adapté au décorum d’une favela brésilienne, Rio dévoile son quatrième et dernier acte, celui des règlements de compte et de la confrontation entre les différentes forces rivales. Sur fond de narcotrafic, d’ultraviolence des gangs et de corruption des élites (on pense à l’authentique affaire Petro affairePetrobras qui a coûté son poste à Lula), les trois opus précédents ont fait monter les tensions, jusqu’à préparer idéalement le terreau de ce climax. Au début de ce tome 4, on retrouve logiquement le « héros », Rubeus, au sommet de sa gloire, ignorant encore qu’il est manipulé par une véritable sorcière et ses rites vaudous. Chaque protagoniste répond à la partition attendue qu’il lui incombe, en un final cohérent et passionnant, bien que non dénué d’un certain manichéisme. Y compris la météo : rien de tel qu’un bon déluge tropical comme juge de paix. Pour ces scènes dantesques d’assauts guerriers et de chaos des éléments, le dessinateur Corentin Rouge ne faiblit pas. Sa griffe réaliste aura été tout du long la plus grande plus-value de la série, parfaitement à l’aise en toutes situations – plans larges, expressions des protagonistes, dynamisme des mouvements, décors détaillés, ambiances ad hoc – au sein d’un découpage aux petits oignons (pimentés). Vivement la prochaine série…