L'histoire :
10 ans ont passé depuis que Rubeus et sa sœur Nina, deux orphelins des rues brésiliennes, ont été adoptés par John et Carolyn White. Ce couple d’américains travaille pour une importante ONG qui tente officiellement d’alphabétiser les enfants des favelas de Rio. Indirectement, White œuvre évidemment pour les intérêts économiques des USA et les implantations d’entreprises sur un marché prometteur. Cela dit, des trafiquants de drogue violents mènent dernièrement la vie infernale aux White et à leurs centres d’alphabétisation. Aux pillages de certains sites, ils s’adonnent aussi aux menaces téléphoniques directement à leur domicile. John White fait donc pression, à grand renfort de mallettes de billets verts, auprès du gouverneur de l’état de Rio pour que sa police revienne faire son boulot dans le secteur. A 20 ans passés, Rubeus a une lecture parfaitement réaliste de ces manœuvres cyniques et il ne se cache pas pour faire éclater des scandales en haut lieu. Il n’a pas oublié d’où il venait et se trouve en permanence en empathie avec les gamins des rues. Cela a le don de plonger son père adoptif en colère, mais aussi sa sœur Nina, désormais une élégante jeune fille de 17 ans, qui affole tous les garçons de son lycée, et fashion victim du mode de vie américain. Rubeus est ainsi tiraillé entre deux mondes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le tome 2 de Rio reprend avec les mêmes personnages et dans le même contexte des favelas, mais après une ellipse narrative de 10 ans. Orphelins désœuvrés, Rubeus et sa sœur ont donc été adoptés et élevés à la sauce américaine. La greffe sociétale a parfaitement pris sur Nina, mais pas trop sur Rubeus, qui s’oppose régulièrement au prétexte des actions humanitaire sur les populations du tiers-monde, cachant de cyniques intérêts économiques. C’est essentiellement cette question que Louise Garcia met en exergue dans son scénario rythmé par la sauvagerie urbaine crasse et ponctué par des manœuvres immondes. Son jeune héros vit un dilemme, parfaitement explicite lors de la rixe sur la plage d’Ipanema : d’un côté, il veut protéger sa sœur, formatée à l’american way of life, des gangs violents, mais il est aussi en empathie avec ce milieu sauvage dont il est issu. Evidemment, tout cela ne peut que mal finir. Pour sa férocité et son contexte, ce thriller rappellera aux amateurs de 9ème art les précédents Juan Solo et Cuervos, à un niveau d’excellence tout à fait comparable. Le dynamisme du dessin réaliste de Corentin Rouge – a priori un crayonné sur-contrasté puis colorisé – y fait beaucoup. Elevé à bonne école (il est le fils de Michel Rouge), ce jeune auteur semble avoir déjà entièrement assimilé le talent d’auteurs comme François Boucq, Michel Durand ou Georges Bess. Sur les dernières pages scotchantes, les cartes sont majoritairement rebattue, en prévision d’un prometteur 3ème tome à venir…