L'histoire :
Les agents du FBI Capelli et Horowitz poursuivent leur enquête sur le double meurtre de deux gros ex-patrons du CAC 40. Le financier Moretti et le banquier Bernstein se sont en effet enrichis pendant des décennies sur le dos de petits propriétaires, avant de partir en retraite avec des parachutes dorés et de fastueux délits d’initié. Concernant la mort du premier, Aldo Moretti, ils tenaient au moins 3 suspects : un ancien employé revanchard, la girl-friend éconduite et le fils cupide… Mais concernant le deuxième, abattu selon la même méthodologie durant son jogging en forêt, ces suspects ne fonctionnent plus. Un témoin providentiel leur avoue alors avoir repéré une Ford rouge qui sortait précipitamment du bois. Les deux agents croisent ce modèle bien particulier avec leur fichier et tombent sur le nom d’un dégénéré, Brad Doherty. Ils se rendent chez lui et questionnent ses parents – un militaire facho sur les bords et une dépressive grave – car le jeune homme est absent et introuvable depuis plusieurs jours. Horowitz trouve cette famille bien louche… son intuition de flic réclame de fouiller de ce côté. Capelli, lui, a d’autres soucis en tête : sa femme a repris un nouveau job et elle lui présente son boss, un bellâtre trop souriant pour être honnête…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite et fin de la seconde enquête en diptyque, toujours scrupuleusement menée par deux agents du FBI spécialisés dans le monde de la finance. Dans cette affaire, il y a deux types de crimes. L’un en « col blanc », par les profits indécents réalisés par des patrons et banquiers véreux sur le dos de petits propriétaires ; l’autre lorsque lesdits patrons ont été froidement assassinés. Le lecteur « normal » appellera de toute son âme à ce qu’il y ait un lien de cause à effet entre les deux… Et pourtant, rien n’est moins sûr. Même le duo d’enquêteurs s’y perd, en se lançant sur de mauvaises pistes… qui s’avèrent peut-être bonnes ? Ici, la vengeance financière prend finalement une tonalité antisémite inattendue. Dans tous les cas, l’affaire est complexe, mais méticuleusement décortiquée par un scénario minutieux et froid, comme toujours dans les secrets bancaires scénarisés par Philippe Richelle, que complète le dessin minutieux et détaillé de Dominique Hé. Grace à cette recette idoine d’art séquentiel, ces investigations semblent surtout très proches de la réalité, c’est-à-dire avec leur lot d’erreurs, de doutes, de digressions… mais aussi de bonnes intuitions. Le duo d’enquêteurs incarne une nouvelle fois des héros « normaux », avec leurs failles, leurs soucis intimes, leurs petits désaccords. Mais puisqu’ils finissent toujours par résoudre les enquêtes, ce sont bien des héros.