L'histoire :
Ce soir là, le PDG de la célèbre banque Lehman Brothers, qui vient de faire son entrée dans le top 10 des plus grandes fortunes, assiste avec son neveu à un opéra. Au même moment, le vieux flic Capelli embarque son nouveau collègue Horowitz à un concert de the Cure. Le rock lui parait en effet le meilleur remède au relâchement du jeune flic, enfermé dans un carcan trop sage. Six mois plus tard, les deux collègues débarquent sur une scène de crime. Tom Barrow, un trader célibataire, s’est semble t-il tiré une balle sous le menton, dans sa voiture, garé au bord d’une falaise. Horowitz est chargé d’annoncer la nouvelle à ses parents, évidemment effondrés. L’autopsie et les indices ne laissent rien suspecter d’autre qu’un suicide. Pourtant, Capelli a une intuition. En effet, il lui semble tout simplement bizarre de n’avoir retrouvé aucun ordinateur portable ni chez lui, ni dans sa voiture, ni à son bureau. Le portable doit pourtant être l’outil numéro un d’un trader digne de ce nom… Capelli fait donc poursuivre l’enquête et interroge notamment le patron du trader, l’un des hauts cadres de la banquee Lehman Brothers…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il était sans doute trop tentant, pour un « scénariste technique » de la trempe de Philippe Richelle, d’exploiter l’origine outre-Atlantique de la crise financière qui secoue notre époque. Dont acte : l’auteur exporte aujourd’hui sa série Secrets bancaires sur le territoire américain. D’emblée, la première investigation s’intéresse à la banque Lehman Brothers, dont la faillite a réellement été à la fois l’accélérateur et le symbole de notre crise mondiale actuelle. Un nouveau duo de flics, un vieux routard et un jeune à « décoincer », nous balade alors à travers le paradis du libéralisme et de la spéculation, sur la piste du mystérieux suicide d’un haut cadre de la tristement célèbre institution. Très habilement (mais on n’en attendait pas moins de sa part), Richelle confère alors des relents « d’affaire Kerviel » au péché financier originel de Lehman Brothers. Comme pour chacun des diptyques de la série (ce rythme est d’ailleurs reconduit), l’auteur délivre un récit techniquement passionnant, s’appuyant sur la narration dont il a fait sa marque de fabrique. C'est-à-dire un empilement de séquences détachées entre elles, qui n’accordent que peu d’empathie pour les personnages. Le dessinateur Dominique Hé, désormais rompu à l’exercice, délivre quant à lui une partition réaliste juste, idoine et sans fioriture, dans un décorum contemporain urbain qui n’accorde quasiment aucune place à la fantaisie. Mise en place impeccable et réussie pour une enquête piquante !
