L'histoire :
Avril 1927. Depuis la prison de St Martin de Ré, Guillaume Seznec dit adieu à sa femme et à ses enfants dans une ultime lettre. Bientôt, il sera transféré au bagne à Cayenne. Seznec est innocent, pourtant la justice en a décidé autrement. Comment a-t-il pu se retrouver ici dans une cellule ? Tout commence en 1923. Seznec est ruiné depuis l’incendie de sa boutique de cycles de Plomodier. Désormais, il exploite une scierie à Traon-ar-Velin. Mais Pierre Quéméneur vient lui rendre visite dans sa scierie, porteur de bonnes nouvelles. Il lui propose une affaire qui rapporte : des gens de la Capitale revendent des Cadillac à prix d’or aux Russes. Il s’agit seulement pour Seznec de ratisser la Bretagne pour retrouver celles qui ont été vendues dans les stocks américains. Ensuite, il devra les déposer sur Paris à un certain Cherdy, l’intermédiaire de Quéméneur. Seznec et Quéméneur commencent par un premier voyage. Mais, rien ne se passe pas comme prévu : la Cadillac tombe en panne. Pour ne pas louper son rendez-vous sur Paris, Quéméneur demande à ce que Seznec le dépose à la gare de Dreux. Seznec rentre chez lui. Un mois plus tard, en gare du Havre, on retrouve alors la valise de Quéméneur avec des traces de sang…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aux côtés des affaires Calas, Dreyfus ou plus récemment Omar Raddad, l’affaire Seznec occupe une place singulière dans l’histoire de la justice française, au rayon des victimes d’erreurs judiciaires. Le petit-fils de Seznec, Denis Le Her-Seznec (qui préface cet album), œuvre d’ailleurs depuis des années pour rouvrir le dossier, afin de blanchir sont grand-père des accusations portées contre lui et obtenir sa réhabilitation. Il faut dire que ce dossier multiplie les zones d’ombre : le corps de Quéméneur n’a jamais été retrouvé, les témoignages qui accusent Seznec sont contradictoires, de fausses preuves ont été montées de toutes pièces par la police… Pascal Bresson (scénariste de L'Affaire Dominici et auteur de l'ouvrage Guillaume Seznec, Une vie retrouvée), accompagné d’Éric Le Berre, trouve ici l’occasion de mettre à profit sa plume spécialisée dans les grandes affaires judiciaires, pour nous raconter sans détour l’histoire nébuleuse de Guillaume Seznec. Les deux scénaristes sont accompagnés de Guy Michel au dessin, qui délaisse pour une fois ses histoires d’heroïc-fantasy (Les contes du Korrigan, Les contes de Brocéliande, Le sang du dragon) pour se consacrer à un genre plus réaliste. Son trait ciselé se prête à merveille à ce drame qui a déchiré une famille et défrayé la chronique. Le premier tome de Seznec, prévu en diptyque, a le mérite de montrer combien il est difficile de faire preuve de son innocence, quand tout le monde vous désigne comme le coupable idéal…
