L'histoire :
L'été 1974 à Seattle, au sortir d'une boîte et d'un concert rock, Brenda se laisse embobiner par un homme très séduisant, avec un bras dans le plâtre, qui lui demande un coup de main pour fermer le coffre de sa voiture. Il s'agit d'une Coccinelle, la voiture avec laquelle Ted Bundy va organiser un grand nombre de ses crimes, entre le début des années 70 et la fin des années 80. Souvent, le même protocole consiste à faire monter à bord des jeunes filles, qui ne se doutent de rien face à un visage très charmeur, souriant, un homme intelligent et drôle qui bascule vite dans la folie et la violence pure. Et il abandonne tous les corps dans la nature, qu'il va régulièrement revoir, et que la police finira par trouver les uns après les autres. Dans la Florida State Prison, en janvier 1989, quelques jours avant son exécution programmée, le serial killer reçoit la visite d'Etienne Jallieu, criminologue qui consacre sa vie aux tueurs en série, tentant de comprendre les mécanismes qui animent ces monstres. Dans un long dialogue, ils remontent à la petite enfance de Ted, sa famille déstructurée, la vision très perturbée qu'il en a. Bundy raconte aussi comment, tout petit, il était fasciné par l'intelligence des criminels. Par exemple, Harvey Glatman qui se faisait passer pour un photographe pour attirer chez lui des jeunes filles qu'il torturait. L'idée de la violence sexuelle l'a très vite fasciné. Il raconte alors avec froideur, et parfois un regard de folie pure, comment il préparait ses crimes, ne semblant jamais exprimer le moindre regret...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En parallèle à cette biographie de Ted Bundy, Jean-David Morvan publie celle de Michel Fourniret, un autre tueur en série contemporain. Dans les deux cas, il utilise la méthode de l'interview en prison pour revenir sur les crimes commis, en se focalisant sur l'homme, en gros plan, sans filtre. Jamais, évidemment, il ne cherche à humaniser Bundy, qui apparaît d'un bout à l'autre de la discussion comme un monstre pur, d'une froideur méthodique glaçante. Et qui, parfois, semble exploser de violence, autant dans le regard que dans les faits qu'il raconte. Son interlocuteur est presque toujours silencieux, reflétant la stupéfaction du lecteur qui ne connaissait pas forcément ce serial killer américain au profil de beau-gosse. Car les vidéos de Bundy interviewé existent sur le net, et confirment la justesse de la transcription de Morvan. On comprend que la folie de cet homme est différente de celle de Fourniret, Morvan le met en évidence sans abuser des mises en scène violentes. Les images sont contenues, les deux dessinateurs Scie Tronc et Rafael Ortiz montrent le chaos sans voyeurisme aucun. Cela dit, à la différence de celui consacré à Fourniret, cet album est plus descriptif, et d'une certaine manière plus factuel. Comme si Bundy ne laissait place à aucune espèce d'approche possible. Un homme terrifiant sous tous les angles, dont les actes horribles semblent la seule manière d'évoquer ce qu'il est.