Uchronie[s] – Saison 2, T1

L'histoire :

La ville de New York s'appelle désormais New Delhi, placée sous le gouvernement indien. Ce dernier y a implanté un centre de formation des Yogis, devenu l'un des lieux les plus convoités du monde. Sponsorisé depuis Bombay, il forme un groupe de jeunes gens triés sur le volet à l'exploration dimensionnelle. Les Yogis auront ainsi la faculté de quitter leur enveloppe charnelle pour se projeter dans des réalités alternatives et les observer. Parmi ces élèves, Abha est une des plus brillantes, très appréciée par Dhaval, le maître du cursus de formation. Mais Abha est également une très belle femme, dont est tombé amoureux Khundan, qui assure la surveillance du respect du protocole des Yogi. Ses sentiments pour Abha ne sont pas réciproques, si bien que lorsqu'une rumeur arrive d'une possible infraction au règlement par la jeune femme, il en parle sans tarder à Dhaval. Des bruits affirment qu'elle aurait eu un contact avec un « observé », c'est à dire une des personnes vivant dans une réalité parallèle. Ces contacts sont strictement interdits dans la mesure où ils risquent d'altérer la réalité concernée. Dhaval ne souhaite pas provoquer de sanction radicale envers la jeune femme, mais se trouve dans l'impossibilité de ne pas donner suite à cette accusation, sous peine de voir la direction du centre s'en charger, de manière forcément plus radicale. D'autant que l'un des Yogi n'a pas réintégré son enveloppe corporelle après le tout dernier voyage. Pendant ce temps, Lakshmi, la sœur cadette d'Abha, continue de raconter ses rêves très persistants de rencontres dans des réalités alternatives et lui demande de l'aider à intégrer le centre...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Troisième réalité autour de New York, ce New Delhi est un régal visuel sous la plume du québécois Louis Lachance et les couleurs vives de Cyril Saint Blancat. Les deux illustrateurs nous plongent rapidement dans une cinquième avenue envahie de bus surchargés, de rickhaws et de vaches, noire d'une foule dense et bigarrée, pendant que quelques blocs plus loin, la statue de la liberté se fait repeindre de couleurs pétantes. Le talent des deux artistes fait beaucoup pour l'épaisseur du récit d'Eric Corbeyran, en donnant une réalité palpable à cet univers imaginaire, un relief unique dans sa profusion de détails. Le rôle que va jouer cette réalité indienne dans le nouvel édifice construit par le scénariste autour de New Beijing et de New Moscow n'est encore qu'ébauché, même si l'incursion de personnalités indiennes dans New Beijing a déjà été constatée. Mais ce récit est en lui-même plutôt addictif, mêlant les rivalités de personnes à la grande saga qui se met en place. Loin d'être une resucée inutile des recettes du premier cycle, cette nouvelle saison d'Uchronies tient bien la route et confirme, après ses trois premiers tomes parallèles, qu'elle a quelque chose de plus que la précédente. Elle a pour elle un sans faute dans le choix des dessinateurs et un peu plus de temps disponible pour apprendre à connaitre les personnages. Sans oublier le plaisir que procure au lecteur le concept bien digéré de la fusion noire et des voyages incessants entre mondes parallèles. Désormais complices du jeu savant que Corbeyran met en place, on plonge sans résistance.