L'histoire :
Après des jours de navigation, une caravelle humaine atteint enfin une terre nouvelle. Un petit groupe accoste et part en expédition à l’intérieur de la luxuriante jungle. Le gibier est abondant, le bois de qualité… ils sont heureux de cette découverte, qui contentera le roi Bangor. Cependant, ils font aussi la connaissance d’un écureuil qui se transforme en petit garçon et leur apprend le nom de cette île : Errance. 50 ans plus tard, la colonie humaine se fait de plus en plus expansionniste. Les bûcherons coupent toujours plus d’arbres et ce, sans ménager les populations sylvaines, aux mœurs on ne peut plus pacifiques. Notamment, les sylvains sont brutalisés et contraints à l’exil. Un couple d’autochtones s’interpose alors : Ronan et Macha, alias un chevreuil et un renard sous leurs apparences animales. Ils mettent temporairement en fuite les bucherons, mais savent qu’ils ne font que retarder une tragique échéance. D’ailleurs, Nuada la sage réunit à cette même époque toutes les créatures d’Errance excédées par le problème humain. Il semble qu’une guerre soit inévitable. Mais auparavant, Nuada accepte de représenter les différents peuples pour une médiation face au roi Bangor. Ronan et Macha feront partie de la délégation…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Bran, Macha est le deuxième récit se déroulant sur l’île d’Errance, un univers imaginaire peuplé de créatures féeriques, où les animaux peuvent avoir une double apparence anthropomorphe. L’histoire de Macha est globalement indépendante de celle de Bran, bien que la sorcière-renard Macha soit déjà un personnage important de Bran. Pour être précis, à en croire les peintures tatouées sur les joues de l’héroïne, ce tome 2 se déroule chronologiquement avant le tome 1. Le scénario de Grimaldi réitère sa veine humaniste et écologique : pour problématique de départ, les arrogants et expansionnistes humains font une nouvelle fois des misères aux créatures d’Errance. Il est ensuite encore question d’une quête de substance miraculeuse, non plus d’une herbe pour guérir une maladie, mais d’une eau capable de ressusciter un mort. La première plus-value de l’aventure se trouve de nouveau dans la succession non-conventionnelle des évènements, suivant une narration néanmoins parfaitement immersive. La tonalité mélancolique et dramatique, surtout, se distingue des conventionnels récits d’heroïc-fantasy. On croit d’abord que le récit va embrayer sur une guerre, mais finalement, il est question de grand Amour (avec un grand A). Or, comme chacun le sait depuis les Rita Mitsouko, les histoires d’amour finissent… Bien que féeriques, les contes de Grimaldi se caractérisent a priori par des fins qui ne se terminent pas exactement pour le mieux. La seconde plus-value est produite par le dessin lui aussi non-conventionnel de l’allemande Maike Plentzke. Sa griffe infographique colorée, semi-réaliste, sans contours de formes, se montre à la fois originale, adaptée à cet univers merveilleux et très agréable à la lecture, pour un large public. Bonne nouvelle : une 3ème histoire baptisée Sarah est annoncée en 4ème de couverture…