L'histoire :
Malgré tous les efforts qu'il déploie pour l'aider, Théo Van Gogh ne parvient pas à canaliser l'énergie créatrice de son frère Vincent. Il perçoit la force et l'originalité de son art, qu'il veut promouvoir et vendre, mais n'en peut plus de la folie de l'artiste et de ses tentatives de suicide à répétition. C'est un sujet de conflit avec son épouse Johanna, qui pense qu'il est en fait jaloux de la production démente de Vincent, qui réalise parfois deux toiles par jour. Le couple vient d'avoir un enfant. Leur vision de leurs responsabilités change, mais la jeune femme reste très attachée au peintre désormais installé à Auvers sur Oise. Après une période courte mais très tendue en atelier avec Paul Gauguin (qui se terminera par la fameuse oreille coupée), Van Gogh a en effet rejoint le village où de nombreux artistes des années 1890 trouvaient l'inspiration et l'émulation. Il s'appuie sur le docteur Gachet, collectionneur et artiste lui-même, qui lui offre un temps une forme de réconfort. Mais la maladie qui touche Théo, la tension qui s'installe entre les deux frères aux relations fusionnelles, Johanna qui fait à nouveau irruption dans sa vie, tout cela va renforcer la folie de l'artiste. Qui continue pourtant de s'exprimer avec un génie absolu.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce nouvel album consacré à un grand artiste-peintre est un des plus personnels de cette jeune collection. Michel Durand choisit de plonger dans la folie de Vincent Van Gogh et tente de mettre en scène la violence de sa maladie, et les répercussions dévastatrices qu'elle a sur ses proches. Très logiquement, son frère Théo est au centre du récit, comme il le fut dans la vie de Van Gogh. Les couleurs d'Alexandre Boucq jouent un rôle majeur dans cette bio. Vives et chatoyantes, surprenantes et contrastées, elles donnent vie aux décors mouvants du dessinateur. L'album a une vraie patte visuelle, rappelant le courant du fauvisme par son caractère graphique très prononcé. La rapidité du dessin de Durand est néanmoins parfois frustrante, notamment lorsque Théo et Johanna voient leurs visages à peine esquissés. Sur le plan narratif, le choix très prononcé de plonger le lecteur dans une forme de tourbillon autour de moments difficiles de la vie de Van Gogh ou de sa famille nous éloigne quelque peu du travail propre de l'artiste. L'auteur ne propose pas d'étape marquante correspondant à des tableaux précis, et ne raconte jamais directement le genèse d'une oeuvre particulière. Ce qui, au final, ne donne pas particulièrement envie de se plonger dans les tableaux de Van Gogh, mais plutôt d'en savoir encore plus sur ses quelques années de création bouillonnante.