L'histoire :
L'hiver austral annonce la fin de la campagne baleinière. Kim et Padraig sont sur la terrasse du luxueux bungalow loué par le capitaine irlandais. Ils assistent au retour des navires qui rejoignent le mouillage de la Derwen. S'attardant avec ses jumelles sur sa goélette ancrée face au fort-prison de Hobart, il tombe à nouveau sur la femme à la harpe. Tous les matins, elle joue pour les bagnards de l'autre côté de l'enceinte du fort. La justice du Royaume Uni envoie les voleurs, les meurtriers ainsi que les insurgés irlandais dans ses terribles geôles de Tasmanie. Ces derniers, toujours prêts à la révolte, héritent des travaux les plus pénibles du bagne. Alors quand la belle rouquine les harangue de ses chants mélodieux, ils crient « Erin go bragh », ce qui signifie « l'Irlande vaincra », au nez et à la barbe des gardiens. Ça leur vaudra quelques coups de fouets, dont le prévôt décidera du nombre… Le soir, Padraig flâne sur les quais et sur le port, dont il apprécie l'animation nocturne. En passant devant le palais des baleiniers, il reconnait la voix enchanteresse de celle qui occupe ses pensées. Sans perdre un instant, il se fraye un chemin jusque le devant de la scène, pour approcher le rossignol de Tasmanie. En la suivant après son tour de chant, Padraig la retrouve sur le quai alors que des policemen l'interpellent pour incitation de convicts irlandais à la rébellion. Malgré son intervention, il doit se résoudre à voir la belle Maureen emmenée par ses geôliers, non sans avoir reçu de la chanteuse quelques paroles qui scellent d'emblée leur attirance mutuelle. Il sera là à sa sortie de prison !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce troisième volet au sous-titre évocateur, Pour que vive l'Irlande, l'engagement patriotique du héros prend tout son sens. En devenant politique, son action influencera le destin de son pays. A force de vouloir du mal à Padraig, la poignée de notables, qui souhaitent le faire fuir Hobart, use de tous les stratagèmes pour bouter coûte que coûte cet infâme insolent hors de leur vue de britanniques esclavagistes. Le rebelle irlandais, avec son code de l'honneur, les agace au plus haut point. C'est toute la perfidie d'une époque, mais aussi malheureusement de la nature humaine qui est mise en avant dans cette histoire se déroulant sur fond de lutte fratricide irlando-anglaise. Quelques personnages surnagent dans cet océan de crapules, y compris quelques anglais. Ce qui laisse planer l'espoir qu'avec des convictions, on peut changer le cours des évènements, si dramatiques soient-ils. Cet épisode voit notre héros épris d'une belle rouquine, pur jus d'Erin… Ce romantisme s'additionnant au chevaleresque achève de rendre Padraig irrésistible ! Et le dénouement épique ne viendra pas le contredire. Un beau récit d'aventures que cette trilogie de Jean Olivier et Max Lenvers, le goût du sel, la saveur d'antan du style et la vigueur des embruns, pour un scénario qui garde le cap. A la fois classique et surprenant, le héros finit par nous acquérir pleinement à sa cause, fort juste, et trop souvent ignorée. En effet, c'est l'occasion de découvrir un chapitre historique de la Grande Bretagne, en comprenant mieux les tensions avec l'Irlande voisine, qui devrait être la petite sœur et qui pourtant à beaucoup souffert de son aînée.
