L'histoire :
Samedi 30 avril 1966. C'est l'opening day des 500 miles d'Indianapolis, qui marque le début de quatre semaines de compétition dont l'apothéose sera le 30 mai. De plus, cette année marque un golden anniversary : l’État d'Indiana célèbre ses 150 ans et il s'agira de la cinquantième course sur le circuit ovale ! Malgré les réjouissances, le moral de la team Vaillante n'est pas au beau fixe, à l'instar de la météo, ce matin, marquée par des températures basses et l'annonce de pluie. En effet, Suzy s'est cassé le poignet et c'est elle qui chronométrait. Alors pour Michel et Steve, ce matin, ce sera un « run for nothing » : il s'agira juste de faire rouler leur machine pour s'assurer que leurs machines sont prêtes. Pas de temps de référence, à part celui relevé par les officiels. Et surtout, beaucoup de prudence, en évitant d'emprunter les mêmes trajectoires que celles prises par d'autres pilotes qui, eux, vont se battre pour faire un temps qualificatif. Vingt tours et retour au stand, globalement, tout va bien. Michel signale de petites vibrations sur le train avant et Steve demande à vérifier les carbus, car il a le sentiment qu'ils s'essoufflent à haut régime. Jean-Pierre est rassuré, il renvoie les pilotes à un peu de repos... ou faire un footing, pour qu'ils s'entretiennent.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un peu comme la série Buck Danny Classic qui propose de nouvelles aventures venant s'insérer dans la chronologie initiale, voici donc que Dupuis consacre une collection Légendes au personnage de Jean Graton, qui fut créé dans les années 50 et qui revit maintenant depuis une dizaine d'années. Alors quel intérêt ? Tout simplement de revenir sur les plus belles courses du sport automobile ayant eu lieu dans les années 60 et 70, d'en revisiter ce qui en a fait d'inoubliables moments de sport et, bien sûr, d'y introduire une bonne dose de fiction qui amène un regard amusant, certes, mais aussi assez intéressant sur le déroulement et l'issue de ces compétitions. Ce premier tome est donc consacré aux 500 miles d'Indianapolis, à son circuit légendaire en forme d'ovale et à de troublants faits de course, qui débouchèrent sur la victoire de Graham Hill devant Jim Clark. Ces deux pilotes chevronnés étaient pourtant des rookies, dans la mesure où ils participaient tous deux pour la première fois à la course. Mais ce qui est venu faire la légende de cette édition de 1966 est que Graham Hill avait très sûrement un tour de retard, ce que les officiels n'ont pas comptabilisé. Bien au contraire, puisqu'il fut déclaré vainqueur ! Dans l'enfer d'Indianapolis soulève ainsi une hypothèse fictive habilement construite, sur fond de corruption et de paris truqués. Et c'est ainsi que la team Vaillante se retrouve aux premières loges, en pleine embrouille dont la mafia tire les ficelles. Denis Lapière propose un scénario riche et équilibré, qui allie l'action, une reconstitution fidèle des faits de course (avec ses nombreux accidents, dont celui mortel de Chuck Rodee durant les essais) tout en ayant recours au thriller. Voilà ce qui fait de cet album une réussite. Une réussite qui s'appuie également sur les dessins de Vincent Dutreuil, très fidèles à la charte graphique de la série et bien mis en valeur par le format de l'édition. On entend d'ici la voix du speaker qui se juxtapose aux hurlements des moteurs : « Michel Vaillant is not running for nothing ! ».
