L'histoire :
En cours d’allemand, Léa et Solveig s’échangent des petits mots griffonnés sur des papiers volants. Forcément, la rousse Léa est assise à côté du beau Mattéo et les deux copines sont en compétition pour sortir avec lui. Au départ, Léa n’était pas trop émue par ce garçon… mais la rivalité avait fini par exacerber ses sens. Désormais, elle allait tout faire pour qu’il la choisisse. Quelques semaines plus tard, c’est dans la poche ! Matteo et Léa sortent ensemble et Solveig s’est donc trouvé une autre cible. La relation s’installe et à cet âge charnière, on espère et on redoute « la première fois »… Lors d’une soirée, les filles entre elles jouent à un jeu débile, Action ou Vérité. Elles fument, elles boivent, elles s’excitent. Léa tombe sur action : faire un strip-tease. Elle s’exécute comme une fofolle, jusqu’à montrer sa poitrine à ses copines. Elle ignore qu’à ce moment précis, Lola prend une photo avec son smartphone, qui va rapidement faire le tour de la classe. Pour elle, c’est le début de la fin. La rumeur se répand comme une trainée de poudre. Léa est une salope, une bitch, on la surnomme Red Tampax. Mattéo la plaque. Elle devient le souffre-douleur de sa classe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette histoire de descente aux enfers adolescente, Charlotte Bousquet (au scénario) et Stéphanie Rubini (aux dessins) soulignent un problème commun et typique de notre époque moderne. Ici, une lycéenne normalement intégrée dans son « groupe » social va se trouver « capturée » topless, sur le vif, par la fonction photo d’un smartphone. Cette petite déviance, cédée sans malignité, la conduit à devenir le paria et le souffre-douleur de tous les jeunes de son âge, du jour au lendemain, à une vitesse quasi surnaturelle. Dans un premier temps, les auteures installent assez justement les protagonistes dans leur milieu et leurs rapports psychologiques. Puis on ne sent pas vraiment venir l’acte fondateur de la déchéance, ni sa gravité, mais il sera fatal pour l’héroïne. Comme dans la vraie vie, peut-on supposer. Le sentiment de rejet social est violent, mais il ne semble jamais artificiel. Les auteures ne cherchent pas exactement à prévenir en étant donneuses de leçon ; elles évitent aussi savamment l’écueil des clichés et des bons sentiments faciles. En revanche, au sortir du bouquin, on comprend beaucoup mieux les phénomènes d’exclusion et leurs origines, aussi imprévisibles et ineptes soient-elles.