L'histoire :
En décembre 2005, Lolita est à Montréal, lorsqu’elle reçoit une nouvelle stupéfiante par téléphone de la part de son père : elle va avoir un petit-frère. 25 ans, c’est beaucoup trop tard pour devenir demi-sœur ! Elle lui passe un savon sévère, le moralisant sur les conséquences d’être un vieux père. Puis celui-ci lui dit d’emblée que le bébé s’appellera Malone… et pourquoi pas Marshmalone, tant qu’il y est ? Lolita raccroche énervée et se retrouve complètement perturbée, balançant entre grosse déprime et tendresse. Première bonne résolution pour faire passer la pilule : elle décide qu’elle le traumatisera. De retour en France, elle en cause à ses amies qui ne cernent pas trop et minimisent la nature de son traumatisme psychologique. Et puis un jour, enfin, elle finit par rencontrer Malone, qui se trouve être... un bébé évidemment tout trognon. Certes, les premiers temps, un bébé, ça n’est pas trop rigolo : ça ne tient même pas assis tout seul. En août 2007, Malone sait désormais marcher et Lolita entame sérieusement son éducation. Il faut notamment apprendre à balbutier les premiers mots, et notamment ne pas prononcer son prénom de la même manière qu’on dénomme un hippopotame…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avoir un petit demi-frère à l’âge de 25 ans, ça n’est pas courant-courant. C’est pourtant ce qui arrive ici à Lolita Séchan, qui n’est autre – pour la petite histoire – que la fille de Renaud (le chanteur) et donc épouse de Renan Luce (le chanteur aussi). Oubliez immédiatement cette info : l’ouvrage ne fait nullement étalage de paramètres « pipole » et rassemble plutôt des réflexions intimes qui pourraient s’appliquer à n’importe quel quidam. A travers la forme du roman graphique, cet album sans prétention ressemble à s’y méprendre aux recueils d’humeurs régulières issues de la blogosphère (mais en fait, non). Etrangement, on avait d’ailleurs déjà croisé Lolita dans le Journal intime d’un lémurien, première version papier du blog de Fabrice Tarrin (son ex) (à Lolita) (vous suivez un peu, ou bien ?). Bref, on digresse. Tout commence ici par une information fondatrice qui retentit chez l’auteure comme un coup de tonnerre : Lolita apprend qu’elle va avoir un petit frère. Elle n’en avait pas forcément envie et surtout, elle ne s’y attendait pas du tout. Cette perspective réveille beaucoup de choses en elle et ses méninges brassent soudain moult échos de sa propre enfance. L’ouvrage participe, volontairement ou non, d’une forme de démarche psychanalytique. La semi-fraternité à 25 ans, à l’âge d’en mesurer pleinement les répercussions, ça n’est pas anodin. Mais le plus intéressant ne provient pas tant des questions et émotions qui animent la jeune femme, que de la forme de l’exercice, régressif et assumé comme tel (ce qui n’est pas péjoratif). Sommaire, le dessin délaisse les décors au profit des personnages, qui sont d’ailleurs tous représentés en babygros (avec des oreilles de lapins qui s’animent en fonction des émotions, comme les ailes du casque d’Astérix). Ce faisant, Lolita Séchan cristallise une sorte de crise de la vingt-cinquaine, en forme de bilan de vie, diversement amusant ou attachant…