parution 07 février 2025  éditeur Ilatina  Public ado / adulte  Mots clés Guerre

Monogatari

Des soldats traversent une guerre dans un monde crépusculaire apocalyptique. Une allégorie réquisitoire contre la guerre, qui laisse s’exprimer l’angoisse ultime, dans un décorum nihiliste.


Monogatari, bd chez Ilatina de Nakamura
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

L'histoire :

Une escouade de cinq soldats marche dans l’obscurité, entre les cadavres humains, la poussière et les ruines. Une boussole hologramme leur donne le cap. Leur équipement est blindé, ils ont des fusils, des casques, des masques à gaz et un équipement high-tech sur batteries individuelles pour filtrer les radiations. La tension est à son comble, ils se savent des cibles faciles pour l’ennemi. Le sergent s’appuie sur les compétences particulières de ses hommes : il y a le doc (qui porte l’infirmerie), Comms (qui s’occupe de la radio), Flame (qui joue régulièrement du lance-flammes) et Scope (l’éclaireur, qui vérifie la sécurité du secteur). Or précisément, le secteur est néfaste. Des cadavres ont été pendus et calcinés à la poutre d’une école effondrée. Ils font néanmoins une pause ravitaillement. Le doc distribue des rations contenues dans des sachets en plastique, qu’ils clipsent à leurs masques à gaz, sans les retirer. Soudain, le sol vibre. Un mur branlant s’effondre. Un énorme avion est en train de décoller et de passer juste au-dessus d’eux. Le doc panique. Il commence par fuir puis exige de Flame qu’il utilise son arme. Ils canardent tous aussitôt l’avion. Eventré, l’appareil s’écrase quelques centaines de mètres plus loin. Le calme revenu, ils partent inspecter les débris…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Dans cette guerre prise en cours de route, on ne sait jamais quelle puissance combat contre quelle puissance. On ne sait jamais quel est l’objectif de ces soldats, leur patrie, les raisons de leur engagement. On voit seulement qu’ils sont ultra armés, qu’ils avancent, protégés par des armures intégrales inspirés des poilus de 14, mais futuristes, dont on devine qu’ils ne laissent passer ni les balles, ni les gaz, ni les radiations. Et il vaut mieux, étant donné le décor apocalyptique ultime, le pire du pire. L’argentin d’origine japonaise Agustin Graham Nakamura utilise un récit souvent muet – il explique en postface qu’à l’origine, son histoire était même 100% muette – mais sa narration visuelle est d’une rare efficacité. L’humanité des personnages transparait lors des focus, au début, sur leurs visages à l’intérieur de leurs masques à gaz. Une technique de logos sur les casques permet de les reconnaître ensuite, lorsqu’ils se meuvent dans leurs carapaces identiques. L’excellent découpage alterne les plans généraux sur un décor décharné et les focus sur une arme, un outil, une batterie, un regard… Une savante gestion de la lumière et des reflets permet de distinguer l’équilibre de la composition des cases dans cette nébulosité obscure. A travers cette déambulation à travers les ruines d’un conflit dystopique abominable, Nakamura (dont la famille est originaire d’Hiroshima) fait une allégorie réquisitoire contre la guerre en général. Alors certes, le propos est un peu gratuit et évident : la guerre, c’est moche et c’est horrible, même quand on en ignore les raisons. Mais tout de même, l’ambiance crépusculaire qu’il met talentueusement en place est suffocante et morbide, à un point extrême. Dans ce contexte, vous vous doutez rapidement qu’il ne faut pas attendre de fin heureuse. Hormis une étoile qui transperce, par de fugaces instants, le plafond de nuages noirs, comme pour rappeler que, quelque part, pour d’autres, il reste un espoir, la finalité est nihiliste.

voir la fiche officielle ISBN 9782491042455