L'histoire :
Un jour de mai 1968, dans la capitale, Jean-Jean se réveille. Il ouvre ses rideaux et observe le beau temps sur les toits de Paris. Il sort dans la rue. Sa mère lui rappelle de penser à rapporter une baguette pas trop cuite. Dehors, c'est le bazar. Embouteillages, tags sur les bus, stations de métro bouchées. Et lorsqu'il récupère sa baguette, il entend les commérages. Il paraît qu'un policier a pris un pavé en pleine poire, et qu'il est défiguré. Jean-Jean arrive devant la porte de l'appartement, et sa mère l'ouvre. Enroulée dans un nuage de fumée de cigarette, elle le regarde d'un mauvais œil, sévère, et lui demande comment ça se passe dehors. Le jeune garçon lui répond, mais la mère s'énerve. Elle est une gaulliste, et ne comprend pas pourquoi le général laisse les choses dégénérer. Jean-Jean ne se préoccupe plus de ces colères. Il va voir tour à tour ses sœurs. La journée se termine plutôt sereinement, mais le lendemain matin, c'est une autre histoire. Jean-Jean est sorti du lit par sa mère : c'est la guerre ! Ils doivent fuir la capitale. Malgré sa jambe de bois, la mère met ses enfants dans la voiture, et conduit dangereusement vers le Beaujolais. Maintenant qu'ils sont arrivés à la campagne, le jeune garçon est persuadé que sa mère lui cache quelque chose, et il est bien décidé à mener l'enquête.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auteur de romans et d'un essai, Maby s'associe à Valentin Maréchal, pour signer leur première bande dessinée. Celle-ci s'inscrit dans la (nouvelle) collection de l'éditeur Jungle, Ramdam. Dans ce récit initiatique, un jeune garçon d'une dizaine d'années, nommé Jean-Jean, vit avec ses deux sœurs et une mère peu sympathique et autoritaire. En plein mai 68, ils quittent la capitale pour la campagne, et Jean-Jean va mener son enquête pour découvrir les secrets et le passé de sa mère. En parallèle, il mène ses propres expériences et suit ses propres convictions. Petit à petit, il va apprendre à questionner son entourage et fera la lumière sur ses questions. Ce one-shot est plutôt touchant, nous transportant dans une autre époque, où l'éducation des enfants n'était pas la même, où ils avaient plus de libertés. Et c'est de cette liberté que va se saisir Jean-Jean pour explorer les questions qu'il a en tête, résoudre des mystères, mais aussi faire travailler son imagination. Or il a matière à la recherche, car le personnage de sa mère est à la fois mystérieux, effrayant, fascinant : il semblerait qu'elle ne soit pas la femme qu'elle semble être. Les illustrations sont douces, nous plongeant dans ce passé, avec peu de contrastes dans la colorisation, ce qui leur donne ce petit côté rétro. Cet album se lit bien et laisse entrevoir une relation mère-fils pas si simple, mais que l'on aurait aimé un peu plus approfondie sur certaines thématiques.