L'histoire :
Martin se réveille avec les premières lueurs de l’aube. Il enfile sa tunique en silence, afin de ne pas réveiller sa mère, son beau-père et ses demi-frères qui dorment tous au sein de l’unique pièce de leur chaumière paysanne. C’est raté : sa mère l’interpelle avant qu’il ne sorte. Elle lui rappelle gentiment et sagement que ce qu’il s’apprête à faire est strictement interdit aux manants. Mais Martin est obsédé par sa passion nouvelle. Il file à travers la campagne, traversant rivières, prairies, forêts et vallons, jusqu’à escalader assez haut dans un grand pin. Il atteint enfin le nid des faucons, dans lequel deux jeunes éclos s’apprête à prendre leur envol. Martin est présent ce jour-là pour aider l’un d’eux dans cette étape initiatrice et cruciale. Il s’en fait ainsi un ami fidèle. Mais il craint désormais d’être surpris par les villageois ou le maître fauconnier du château, car les cris du faucon sont stridents… L’éducation des faucons est en effet un privilège strictement réservé aux seigneurs, qui se servent des rapaces pour chasser. Têtu, Martin décide de cacher « son » faucon dans une nasse, dans une bergerie abandonnée. Et tous les jours de venir le nourrir, lui rendre sa liberté pour quelques heures et l’entrainer à voler. Il refuse que son destin soit celui d’un tueur. Il se persuade qu’une belle amitié est née…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Oyez lecteurs, en des temps médiévaux non identifiés et légèrement romantiques, la belle et interdite histoire d’amitié entre un enfant et un rapace. Maxe l’Hermenier adapte ici fort fidèlement en bande dessinée le roman jeunesse éponyme (pour les 8-12 ans) de Jean-Côme Noguès, devenu un classique depuis sa première publication en 1972. Le scénariste n’a eu sans doute guère besoin de forcer son talent, tant la trame originale est limpide et porteuse de belle valeurs. En effet, le jeune Martin est courageux, mature, déterminé, héroïque… Il refuse que son oiseau devienne chasseur, il sauve les villageois d’un terrible pillage : un sacré bel exemple, même si ses prouesses se font au prix d’un exploit insensé. Par ailleurs, l’Hermenier n’abuse pas des dialogues inutiles, tant la narration visuelle se suffit. La mise en scène et le dessin de Steve Dupré sont de toute beauté. Oscillant entre le réalisme et le semi-réalisme, le trait du dessinateur de Coma et Kaamelott atteint aujourd’hui un très haut niveau. Tout est juste dans la partition visuelle rendue : expressivité et proportions des personnages, majesté des décors, cadrages, rythme du découpage, effets visuels… En prime, cela se déroule dans un moyen-âge « de carte postale », à proximité d’un château-fort à faire rêver les jeunes lecteurs. Hardis, jouvenceaux, odissez la geste de ce damelot qui s’octroya fol arroi d’un volatile réservé à son roy.