L'histoire :
Loup et Léa sont sur le point d’emménager ensemble, dans une ville du pays basque. Neuf ans qu’ils sont ensemble, il est bien temps de sauter le pas de la vie en commun, comme leurs amis qui font des projets de voyages et de bébés. Mais Loup, qui espère décrocher un gros projet d’architecture, ne gagne pas encore sa vie… Surtout, il bloque à l’idée de se ranger dans une vie de couple ordinaire. Il bloque d’autant plus qu’il mène une double vie, en cachant à sa compagne qu’il est gay et qu’il donne des rendez-vous intimes à des hommes. Lors de ces rencards, il boit plus que de raison, sans doute pour oublier la difficulté d’assumer sa vraie nature. Un soir, un de ses rencards secrets se passe mal. Loup s’échappe dans la cambrousse en étant écorché et enivré. Il se réveille le lendemain dans le fossé d’une route de campagne, tout crasseux. Une fourgonnette passe par là et s’arrête. Un jeune homme en descend et plutôt sympa, il propose à Loup de l’emmener prendre une douche chez lui. Loup accepte et se retrouve au campement de deux caravanes, habitées par Nino, Lorenzo et César. Les deux gars torses nus qui réparent une petite moto lui jettent un regard noir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est l’histoire – assez classique – d’un coming-out – assez brutal. Loup est un trentenaire qui dissimule son homosexualité à sa compagne, mais qui assouvit ses pulsions en compagnie d’inconnus de la même obédience sexuelle. Evidemment, un de ces rendez-vous tourne mal et les conséquences poussent Loup à franchir le rubicond social. Or voilà, le paroxysme de ce parcours émotionnellement lourd se déroule au sommet d’un phare – d’où le titre – un bâtiment lourd de symboles : il est phallique ; dans la nuit, il montre le chemin ; et en général, il se situe dans des coins tranquilles et escarpés. Cette quête initiatique, intime et parabolique est contée par Valentin Maréchal, un chemin qu’il connait bien pour l’avoir lui-même parcouru. C’était devenu une nécessité pour lui de la raconter en BD, un médium dont il a fait sa profession (il est l’auteur précédemment de Ce garçon, déjà dans la collection RamDam de Jungle). Au-delà du propos exutoire, Maréchal témoigne aussi des violences virilistes qui règnent parfois dans le milieu homo – le sujet n’est pas l’homophobie. Le dessin semi-réaliste bien en place est curieusement stylisé sur les visages des personnages qui tendent étrangement vers le triangulaire. Une scène courte mais explicite réserve l’ouvrage à un public averti.