L'histoire :
Toulon, 1815. Jean Valjean, un forçat incarcéré depuis 19 ans pour avoir volé du pain sort du bagne en portant toute la rancœur du monde en lui. Après de nombreux rejets qu’il suscite, du fait de sa condition d’ancien prisonnier, l’ancien paysan est accueilli avec bienveillance par Monseigneur Myriel, évêque de Digne. Cependant, Jean Valjean lui dérobe de l’argenterie avant de s’enfuir... Vite appréhendé par les gendarmes, l’ancien forçat est conduit devant Monseigneur Myriel. Or contre toute attente, celui-ci l’innocente ! Bouleversé par cet acte généreux, Jean Valjean décide qu’il accomplira désormais le bien autour de lui. Mais un vol passé de 40 sous l’amène à être recherché par la police, notamment par l’inspecteur Javert. C’est donc sous l’identité de Monsieur Madeleine que Valjean devient un nouvel homme, prêt à aider son prochain… dont la jeune Fantine qui vient de faire garder son enfant, Cosette, à un couple d’aubergiste, les Thénardier...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mine de rien, s’attaquer à l’adaptation d’un monument littéraire comme Les Misérables est une véritable gageure, tant le chef d’œuvre de Victor Hugo est encore vivace de nos jours. De plus, le roman a déjà été adapté au travers de nombreux formats (cinéma, télévision, théâtre...) et de nombreux artistes de bande-dessinée s’y sont aussi attaqué. Certains se sont cassé les dents, tandis que d’autres ont pu s’en tirer, tant bien que mal. Autant dire que le pari de Maxe L’Hermenier (scénario) et Looky (dessin) de réaliser une BD fidèle à l’œuvre de Victor Hugo (qui s’étale initialement au travers de huit livres) n’était pas gagné d’avance ! L’équipe créative a su mettre en avant l’histoire de Jean Valjean et de Fantine telle qu’écrite par Hugo, un peu à la manière du découpage d’Henri Fescourt dans son film de 1925. On y retrouve donc la rencontre déterminante de Jean Valjean avec Monsiegneur Myriel, le vol de l’argent de Petit-Gervais, l’évolution du héros vers la bienveillance et l’honnêteté avec, en parallèle, la chute abyssale de la jeune Fantine vers sa fin inéluctable initiée par les Thénardier. Et même si on passe parfois assez vite sur la psychologie des personnages (notamment en ce qui concerne Javert), force est de constater que l’ensemble est de bonne facture. De plus, les dessins de Looky sont plutôt réussis, même si les couleurs chaleureuses de Diego L. Parada sont en inadéquation avec l’ambiance générale de l’histoire... Petite cerise sur le gâteau : les plus jeunes pourront prendre connaissance de quelques pages supplémentaires en fin de bande-dessinée afin de (re)faire le point sur la fresque de Victor Hugo via des quiz, des petits jeux ou des notes explicatives sur l’histoire de Fantine. De même, une biographie de l’auteur est aussi incluse, afin de véritablement bien cerner le contexte historique de ce chef d’œuvre littéraire et d’appréhender l’époque d’alors. Au final, Fantine, ce premier tome des Misérables, pose les bases d’une bande-dessinée plutôt bien amenée qui retranscrit de manière fidèle le roman de Victor Hugo et ce, même si certains détails de cette œuvre puissante sont vites expédiés ou volontairement passés à la trappe. L’équipe créative a réussi à mettre en avant un travail minutieux pour présenter aux plus jeunes une adaptation qui ne dénature pas les écrits de Victor Hugo.
