L'histoire :
En 1954, une jeune femme sonne à la grille du 14 de la rue Rougemaille à Senlis. Une gentille mamie lui ouvre et l’installe autour d’une table de jardin. Sarah est venue rendre à Mme Zümer le journal de son frère. La vielle dame reconnait le calepin : c’est elle qui lui avait offert en 1936 pour son anniversaire. Elle veut en savoir plus sur le cheminement de ce journal et le devenir de son frère… Mais Sarah prétexte un taxi qui l’attend et elle se sauve. Pour comprendre le trauma, il faut remonter à juin 1944. A l’époque, en pleine débâcle allemande de fin de guerre mondiale, Pauline est une adolescente esseulée dans un village corrézien dépeuplé. Ses parents ont été réquisitionnés pour construire le mur de l’Atlantique et elle n’as plus de nouvelles d’eux depuis des mois. Elle survit en cultivant ses tomates, nourrissant des lapins. Elle se débrouille pour la lessive, les plantations de fleurs… et elle ne peut rien contre les vagabonds qui chapardent parfois ses tomates. Un quinquagénaire appelé Eugène s’installe quelques temps avec elle, lui prodiguant de bons conseils pour éviter les razzias des allemands. Hélas, il est lui-même victime de la barbarie SS. Sarah le met en terre, une fois le groupe allemand reparti. Ces vandales ont aussi saccagé sa ferme. Sarah ne veut plus rester seule. Elle déniche un vieux fauteuil roulant pour s’en faire un caddy capable de porter les quelques affaires qu’elle souhaite emmener… et elle part à pied sur la route, en direction de l’Ouest, pour retrouver ses parents…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce premier opus (sur 2 prévus) débute par un flashforward, 10 ans après les faits, qui nous rassure d’emblée quant au devenir de la jeune femme, Sarah. Trois pages plus tard, on la découvre adolescente sous le prénom de Pauline, livrée à elle-même dans une ferme de Corrèze, aux derniers mois de l’occupation allemande. Juin 1944, c’est l’époque de la débâcle, des razzias vengeresses des nazis, du massacre d’Oradour-sur-Glane, pas si loin de la Corrèze. Une adolescente se livre alors à un road-trip pédestre en compagnie d’un papy bougon, qui dit se prénommer Paul, et auquel elle s’attache en dépit de ses incessantes récriminations. Ce rapprochement contre nature entre deux êtres que tout oppose, en période de crise, est un classique narratif. On se laisse néanmoins facilement porter par ce gentil poncif. Il faut alors chercher la plus-value de ce diptyque en devenir du côté du joli dessin, aux accents mangas, d’une grande douceur, que l’auteur complet H Tonton réalise à grand renfort de pastels et de couleurs lumineuses. L’époque est à la répression mortifère et pourtant un parfum estival et insouciant se dégage de ce road-trip à travers les paysages bucoliques de la Corrèze. On ne s’attend pas vraiment au cliffhanger de la fin de ce premier tome, qui relance totalement l’intérêt pour le second à venir. Sarah et Pauline sont-elles réellement la même personne à 10 ans d’écart ? A suivre…