L'histoire :
Un beau jour de février, Thibaud monte l’escalier de son immeuble, direction son appartement. Entre deux étages, il double une fille qui porte un carton, visiblement en train d’emménager. Elle lui lance un bonjour, il lui répond distraitement sans même la regarder. Le soir même, tandis qu’il prépare un plat de pâtes pour son pote, elle vient sonner à la porte. Elle s’appelle Cécile, elle est émue et elle vient lui emprunter du sel. Les présentations sont ainsi mieux faites. Dans les jours qui suivent, Thibaud fait une pause dans le bar où il a ses habitudes, afin d’y croquer les clients : il est dessinateur de BD et il s’entraine à dessiner des postures, des gens… Il a la surprise d’y trouver Cécile, tout sourire, qui fait son premier jour en tant que serveuse. Dès lors, Thibaud sera intrigué par cette fille. Les premiers temps, il continue sa relation à distance (ou non) avec Mathilde, sa copine qui fait alors ses études en Espagne. Et puis progressivement, il se rend compte que Cécile lui trotte dans la tête. La rupture sentimentale de son pote ne va pas l’inciter à rester sur la voie de la stabilité. La pendaison de crémaillère de Cécile, en mars, non plus…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En soi, l’histoire est d’une banalité désarçonnante et sa trame est prévisible dès les premières planches : c’est bêtement l’histoire d’un type qui tombe petit à petit amoureux de sa voisine de palier alors que rien ne le prédisposait à cela. Tout le monde a vécu ce genre de chose, dans la peau de l’un ou l’autre rôle des protagonistes mis en place par la scénariste Séverine Lambour. Tout l’intérêt de ce récit réside donc dans l’authenticité de la retranscription de leurs rapports, dont l’intimité va croissante. L’autre atout de ce petit bouquin provient de la traduction graphique qu’en fait Benoît Springer. L’auteur, qui a déjà fait ses preuves sur des séries plus grand public (Volunteer) semble se cloisonner désormais à un registre plus social-contemporain dans le ton et « nouvelle BD » dans la forme. Les premières planches démontrent de nouveau ses flagrantes prédispositions pour les cadrages, la justesse des expressions ordinaires, le plan qui colle incroyablement à l’authenticité nécessaire du registre. Au début, le style est sage et sobre : selon un découpage en gaufrier (6 cases carrés par planche), il n’est rehaussé que d’une colorisation pâle et minimaliste (2 ou 3 teintes maxi par case, en aplat). Et puis au fil des pages, le dessin perd progressivement de sa qualité, jusqu’à « sentir le rapide » vers la fin (le Thibaud de la p.8 est autrement plus peaufiné que le Thibaud de la p.55). C’est dommage et ce n’est pas la première fois que Springer change de style au cours d’une même œuvre. Un problème de constance ? Toute simple, la conclusion est néanmoins bien vue et parachève cette histoire ordinaire, mais somme toute agréable…