L'histoire :
Dans des boites de diapositives se trouvent des images de Roberto en 1979, debout sur la mer de glace. Le souvenir du Mont Blanc dans sa petite enfance se heurte à ce qu’il en reste aujourd’hui, au moment cruel de la visite avec ses propres enfants, à peine 40 ans plus tard. L’effet du réchauffement est évident, visible, irréversible. Depuis l’invention de la machine à vapeur alimentée par le charbon, l’homme émet de plus en plus de gaz à effet de serre. Il aura fallu attendre le premier rapport du GIEC en 1990 pour que le risque soit rendu public pour tous, malgré les alertes éclairées du club de Rome dans les années 1970. Mais depuis trente ans, les émissions continuent d’augmenter, emmenées par ce qui ressemble à un aveuglement collectif, une fuite vers l’abime. L’équilibre du climat est bouleversé, les espèces animales meurent, il n’y a plus de moustiques sur les pare brises de nos voitures. La solution n’est pas simple ni progressive ni technique. Pour Roberto, elle ne peut être que radicale.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Terriblement pessimiste, cet album n’en est pas moins remarquablement passionnant et accrocheur. Il martèle sur plus de 200 pages les vérités factuelles d’une situation qui ne cesse de se dégrader. Roberto Grossi le fait avec de solides bases chiffrées qu’il a puisées dans les nombreuses références citées en postface. Mais son habileté est de ne jamais noyer son lecteur sous des données abstraites. Il enchaine les séquences frappantes avec des images qui se suivent et se répondent, souvent deux par page, silencieuses et édifiantes. Des métaphores ou des effets visuels en forme de coups de poing, dessinées avec talent et sobriété. La narration est telle que, malgré le fond très sombre, il est impossible de refermer ce livre en se disant « je le terminerai plus tard ». On peut partager ou pas la volonté de désigner des coupables à un système que nous entretenons tous de manière plus ou moins volontaire. Le bilan carbone de Messi à l’été 2022 frappe les esprits mais ne donne pas la solution. C’est évidemment la limite de cet exercice. Mais qui pourrait reprocher à l’auteur de n’avoir pas plus de solution que les gouvernements de l’ensemble des pays du monde ? Dès les premières pages, on sent que c’est à la condamnation de tout un système économique que s’emploie ce réquisitoire talentueux. Pour aboutir à une conclusion radicale et révolutionnaire.
