L'histoire :
Sébastien a accepté un contrat peu ordinaire : un petit séjour d’une semaine à New York aux frais de la princesse, en contrepartie de quelques dédicaces pour faire la promo de sa dernière BD parue. Dès la traversée en avion, ça commence : « Un auteur de BD est embarqué et il se fera un plaisir de vous dédicacer son livre sur le marathon de New York, cadeau de la compagnie ». Docile et fiable, Sébastien s’exécute, enchainant les séances et les dessins de la vie newyorkaise dans son carnet. Et puis soudain, alors qu’il effectue un trajet en train, il croit apercevoir, sur une voie jouxtant la sienne, un gamin. Il s'agit de lui-même, alors qu’il est âgé de 9 ans. Toute son enfance lui revient alors en mémoire, en bloc. Jadis, il a vécu avec ses parents dans une maison de la SNCF à côté d’un passage à niveau, sur la ligne Saumur-Poitiers. Il se souvient de cette époque, cette année 1978, alors que son frère et lui jouaient constamment aux alentours de la ligne. Sa mère avait accepté un job de garde-barrière, un travail mal payé, mais avec le logement gratuit (mais mal isolé et mal chauffé). Leur vieille maisonnette attenante au passage à niveau datait de 1873 ! En rentrant en France, Sébastien retourne chez ses parents et il en profite pour faire une promenade digestive et surtout mémorielle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet Entre deux gares est un hommage de l’auteur Sébastien Samson pour une période de son enfance qui lui revient brusquement en mémoire lors d’un séjour à l’étranger. Lorsqu’il avait 9 ans, alors que sa mère avait accepté un job de garde-barrière, il vivait en effet authentiquement dans une maisonnette de la SNCF, à côté d’un passage à niveau. Trois fois par semaine, sa mère devait descendre la barrière manuellement, avec une manivelle. Sébastien Samson a accumulé des tas de souvenirs, de jeux, d’organisation familiale, de vie infantile à la fin des seventies, aux abords d’une voie de chemin de fer peu fréquentée. Le « lui » d’aujourd’hui se lance alors dans un voyage mémoriel en compagnie du « lui » de 1978, âgé de neuf ans. Les allers-retours entre présent et passé sont incessants, entremêlés et sans repère linéaire. En pied-de-nez plutôt astucieux aux normes, qui veulent souvent que les séquences du passés soient traitées en mode sépia ou teintes surannées, c’est ici le présent qui est monochrome en lavis gris-bleu. L’enfance est a contrario colorée et pêchue… et après tout, c’est bien normal ! Présent et passé s’entremêlent souvent au sein de mêmes cases, tout en respectant scrupuleusement cette règle. Au gré des besoins, selon qu’il recopie des éléments réels, ou des souvenirs légers ou espiègles, l’auteur adapte son dessin, passant d’une griffe très réaliste à un autre plus stylisé. Il fait aussi témoigner ses parents et aboutit au final à un long et bel hommage à la vie rurale, simple, campagnarde, pleine de bon sens des seventies, qui a juste le léger inconvénient d’avancer dans le désordre.