L'histoire :
« Nous, Gilets Jaunes des Côtes d'Armor, en ce jour du 23 février 2020, réunis en leur troisième Assemblée citoyenne, déclarons qu'après 16 mois de contestation, nous continuons plus que jamais à lutter contre toute forme d'inégalité et d'injustice. Nous sommes en colère de voir notre système social, comprenant nos retraites et nos services publics, être détruits ; ainsi que par l'attaque de nos droits fondamentaux. Nous déplorons la recrudescence de la surveillance, du fichage, de la répression et des mesures administratives et judiciaires qui restreignent nos libertés. Nous nous inquiétons particulièrement des injustices et violences faites aux enfants et des inégalités d'accès à l'éducation et à la santé. Nous sommes témoins des faiblesses de notre démocratie et prenons acte. Nous exigeons plus de justice sociale pour une fiscalité juste, régulant les apports sociaux et réduisant les inégalités et écarts sociaux. En ce tournant civilisationnel, nous exigerons la destitution du Président de la République, la création d'un gouvernement de transition citoyen et une Assemblée Constituante citoyenne ».
Appel départemental des Gilets Jaunes de Côte d'Armor, 23 février 2020.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a quelques mois, chez le même éditeur, Sandrine Kerion dressait son autoportrait sans concession. J'ai vu les soucoupes revenait sur son adolescence, le divorce de ses parents et la passion qu'elle trouva, un peu comme un refuge, dans l'Ufologie, au point de flirter avec le complotisme et finalement, une forme de folie. Cette fois-ci, elle a emprunté un slogan écrit sur une jaquette fluo pour donner son titre à cet album. Titre et sous-titre nous disent tout : on frôle ici le manifeste. Mais qu'on soit ou pas solidaire du mouvement GJ importe peu, car ce qui est réussi dans son récit, c'est qu'il remet neuf personnes au centre de la narration. Bien sûr, toutes expriment ce qui s'est dégagé d'une mobilisation massive dans le pays : la colère, le sentiment d'une politique sociale injuste (ou carrément inexistante), l'envie de vivre mieux, même si le mouvement a charrié une réponse aussi violente que pouvait être le ressenti de celles et ceux qui se sont mobilisé.e.s. Pas un mot en revanche sur ce qui a pu être bien paradoxal : le besoin d'être libres, tout en justifiant le « blocage » de la liberté d'aller et venir des non manifestants, parce que la cause de ceux qui se mobilisaient leur semblait juste. Les violences policières qui accompagnèrent les rassemblements hebdomadaires sont naturellement remises en perspective. Alors la sobriété du dessin fait ressortir toutes les émotions vécues par l'autrice et les personnes à qui elle rend hommage. Et même si on ne cautionne pas tout, comme l'expression d'une forme de compréhension de la violence de certains manifestants, ce livre a le mérite de mettre en avant des personnes comme vous et moi, qui ont voulu (et veulent encore) faire « changer les choses » au profit d'une meilleure société. Sandrine Kerion ne se cache pas derrière les autres : clairement, on perçoit qu'elle adhère aux GJ. A vous de voir si vous adhèrerez à sa BD, qui est tout sauf neutre.