L'histoire :
En 1910, à la frontière entre le Québec et le Vermont, Liliane Miner, future Queen Lil, entreprend de construire le Palace of Sins, un hôtel ouvert sur les deux pays. Située dans la vallée Missisquoi, cette région est marquée par une effervescence sociale et économique. Tandis que les Abénakis continuent à naviguer librement sur les voies d’eau ancestrales, les nouvelles lois comme le Dunkin Act interdisent l’alcool dans certains comtés canadiens. La frontière devient alors un terrain idéal pour la contrebande. Lilian Miner se heurte aux restrictions et doit affronter un procès pour obtenir l’autorisation de bâtir son établissement. Ce lieu, pensé pour répondre aux besoins croissants des voyageurs, bénéficie de l’essor du chemin de fer et devient un point stratégique dans une région en pleine mutation. Malgré les résistances des juges de l’alcool, sa vision audacieuse finit par triompher, ouvrant la voie à une nouvelle ère où lois et opportunités s’entrechoquent. En effet, l'alcool coulera à flots mais les filles de joie aussi ! Cette volonté se heurte à la morale locale... très imprégnée de religion chrétienne.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Queen Lil, Laurent Busseau et Stéphane Lemardelé offrent une plongée fascinante dans les méandres de la prohibition au Québec et aux États-Unis. À travers la figure charismatique de Lilian Miner, dite Queen Lil, ils dessinent le portrait d’une femme aux mille facettes : maquerelle avisée, stratège redoutable et véritable chef d’entreprise. Le Palace of Sin, son repaire à la frontière, devient un microcosme où s’entrelacent grand banditisme, jeux d’influence politique et quête d’émancipation. Fiction historique méticuleusement documentée, l’album explore un pan méconnu de l’histoire : la contrebande via Saint-Pierre-et-Miquelon, les lois bancales, la corruption à tous les étages et surtout l’incroyable résilience des femmes face à la misère et à un monde dominé par les hommes. En cela, Queen Lil propose une réflexion féministe pertinente : si un bordel semble un lieu peu progressiste, il a parfois été une issue pour des femmes souhaitant fuir la misère ou des maris violents. Si le récit pêche parfois par un excès de fidélité aux faits, au détriment d’un souffle dramatique, c’est surtout le dessin qui freine l’immersion. Le style graphique, bien que propre et clair, manque de dynamisme, avec des personnages souvent figés, ce qui nuit à l’intensité des scènes. Heureusement, un dossier final passionnant vient enrichir cette mise en lumière rare d’une époque fascinante.