L'histoire :
La Tassili-n-ajjer est aujourd'hui un endroit minéral. Du sable et des cailloux. Des formes de vie aussi, comme les reptiles, car c'est une partie du Sahara. Un endroit qui nous est extrêmement hostile. Mais il y a 7000 ans environ, il n'en était rien. Les hommes d'alors, constitués en tribus nomades, se frayaient un chemin entre les papyrus, chassant les crocodiles au moyen de leur sagaies. Lions, buffles placides et tout à coup furieux, antilopes et éléphants martelaient une terre noire, preuve de sa richesse, quand les hippopotames trouvaient des points d'eau suffisamment importants pour s'y prélasser. Et parmi les hommes, de nombreuses tribus se partageaient le territoire, en apprenant à cultiver le sorgho et d'autres plantes à graines. Dans le clan de Tassili, la règle est simple : le meilleur chasseur est celui qui peut s'accoupler aux femmes, pour assurer la continuité de la vie du groupe. Tassili est une femme attachée à Djané, qui l'aime également. Mais il ne réussit pas à ramener des proies. Il part en chasse avec Doro, mais c'est ce dernier qui, systématiquement, se montre plus habile à tuer le gibier et ainsi ramener la viande...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour plagier un célèbre slogan de pub que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, avec La Boîte à Bulles, la culture, c'est l'aventure. Et la vie des premiers hommes qui ont poli des pierres, faisant de l'ère néolithique la première période de révolution, avec le début de l'élevage, celui de la sédentarisation des groupes, est ici presque reconstituée, puisque la temporalité s’inscrit juste à son aube. Son théâtre est la région du Tassili-n-ajjer où des peintures rupestres furent découvertes entre 1950 et 1960. Jean-Loîc Le Quellec, directeur de recherche au CNRS et Pauline Rolland, Conservatrice du Musée national de Préhistoire, nous livrent respectivement dans une préface et un cahier de fin d'album, les clés de compréhension de tout ce sur quoi repose cet album. Les protagonistes évoluent dans cette zone, aujourd'hui le Sahara. Alors qu'il y a 5000 ans AVJC, elle abritait une flore et une faune, ainsi que des tribus, qui furent fatalement amenées à la quitter du fait de la désertification progressive, conséquence d'un changement climatique. De quoi naturellement réfléchir à ce qui alimente de nombreux débats depuis déjà des décennies, sans que notre civilisation tienne compte des avertissements que la nature nous fait parvenir... Xavier Daban (Maadiar) écrit une histoire d'amour impossible dans le contexte des traditions qui fédèrent un groupe mais séparent les individus qui le constituent. Frédérique Rich reconstitue l'environnement, les paysages, la faune et la flore de cette époque, jouant aussi avec le miroir de ces peintures rupestres, qu'on a mis, soit dit en passant, une bonne trentaine d'années à pouvoir dater correctement. Le véritable récit obtenu évite l'écueil de l'exercice scolaire. On vous le redit : ici, la culture, ce fut l'aventure des peuples de cet endroit, à cette époque.