L'histoire :
Comme tous les autres membres du service de livraisons express à vélo, le jeune adulte Jocelyn Chicoine a un nom de code : Pluton. Son job est simple : aller récupérer un colis à un point A et foncer le plus vite possible jusqu’au point B – c’est le principe du « service photonique » généralement choisi par les clients. Mais Pluton est un peu négligeant avec ses fiches, ce qui lui vaut une mauvaise réputation. Il essaie de compenser cela par un service sportif ultime, au prix de grands risques au sein du trafic urbain. Les accidents et la casse matériel lui valent de se retrouver régulièrement dans l’atelier de Sergio d’Io, ami et commerçant spécialisé en deux roues. Un jour qu’il s’emploie à battre un nouveau record de vitesse, avec un petit tube en carton à livrer, Pluton a la désagréable surprise de constater que le quartier du destinataire est bouclé par les forces de l’ordre pour cause d’alerte à la bombe. Pluton applique donc la procédure en revenant chez l’expéditeur. Or là, des barbouzes l’attendent, armés, et lui demandent de leur remettre le colis. En professionnel zélé, Pluton préfère s’enfuir avec le colis, en se faufilant de manière musclée entre les griffes des flingueurs. Mais que cache donc cette drôle d’affaire ? Pluton aura une surprise de taille lorsqu’il osera ouvrir le colis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans son petit format poche en noir et blanc, Colis 22 contient néanmoins une forte pagination (158 planches) et une sacrée densité d’intrigue ! Le découpage serré et les cases chargées en décors sont à mettre au crédit du sérieux que l’auteur canadien Marsi a porté à son thriller de proximité. Car nous évoluons ici dans une veine proche de Jérôme K Jérôme : le jeune héros, un peu lunaire mais vertueux, se retrouve parti-prenante dans une affaire mafio-musclée, rendue crédible par l’authenticité du contexte et les rapports « normaux » entre les protagonistes. C’est même en insistant sur la psychologie et l’empathie envers ces personnages de tous les jours que l’ouvrage trouve son principal écueil : moult palabres auraient pu être simplifiés, de nombreuses séquences sont même carrément superfétatoires. Sans compter que du côté européen de l’Atlantique, de nombreux mots et expressions québécoises demeurent ardus à piger. Pour le reste, accompagné par un dessin proche de la ligne claire en noir, blanc et niveaux de gris, d’une belle régularité, la BD évolue bien en marge des canons narratifs. Dès la problématique posée, on se pique de comprendre ce qui se trame avec ce mystérieux « colis 22 », selon un rythme et une explication finale bien loin des sentiers battus.