L'histoire :
Dans la région du « Nowhere », à l’époque de la prohibition. Désormais grand-père, Elmore Edison se consacre à son hobby, l’alambic. Le fils Charlton qu’il a eu avec sa douce squaw Sunny Day, s’est mariée avec Graziella, une immigrée sicilienne issue d’une famille mafieuse. La dernière née de la famille, Capricciosa, est aujourd’hui une jeune femme libre, qui remue le popotin, en tenue légère, sur les planches du saloon local. La vaste plaine désertique « au milieu de nulle part » est en effet devenue une ville grouillante d’activité : Fetid City. Sûre de son charme, Capricciosa fait vibrer bien des cœurs… D’un côté son propre cousin Flavio, fils du puissant parrain Don Pellegrino. De l’autre, Wim Vandepute fils d’un concurrent belge ambitieux. Dans ce contexte, le patriarche Francis Vandepute pactise avec le shérif de Fetid City, un immigré islandais surnommé Thor. Ce dernier accepte de l’aider à récupérer la gestion des tripots de la ville, à condition qu’il y distribue un alcool de… saumon ! Seul pépère Edison semble capable de s’affranchir d’une production aussi saugrenue. Encore faut-il auparavant aller pêcher ladite poiscaille, dans le lac Somnolant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il faut reconnaître à Jean-Luc Cornette une sacrée imagination ! Une fois de plus, son Centre du Nowhere illustre un épisode très décalé de l’histoire américaine. A la manière des « scénarii chorales », il s’appuie sur un panel de personnages insolites, dont les desseins s’entremêlent d’habile manière. On y croise en vrac : un parrain qui ne supporte pas la vue du sang ; une jeune danseuse métisse charmeuse de serpent et adepte de drogues hallucinogènes ; une famille belge trop ambitieuse ; un shérif islandais grand amateur de saumons au point de vouloir en dériver un alcool ! Ce poisson apparait dès lors comme le fil rouge de cette série vraiment pas comme les autres (cf le tome 1, l’oreille de Saumon, tout aussi déjanté !). Sur cette trame très dense, Cornette applique des dialogues truculents à des rebondissements totalement saugrenus. Bref, l’aventure est une nouvelle fois hétéroclite mais demeure néanmoins limpide. Le résultat est un mélange des genres frais et culotté (un western-polar-fantastique-humoristique). Le dessin appliqué et enlevé de Michel Constant est pour beaucoup dans cette fantaisie. Une fois l’album refermé, quelques cases restent longtemps en mémoire (une métisse nue, chevauchant un poisson géant qui vomit des saumons… un producteur de cinéma découvrant au réveil la tête ensanglantée d’un orque sur son oreiller…). Déroutant !