L'histoire :
A Londres, en 2060. Francis, un ancien flic à la retraite, a deux grands enfants, Adil et Laurette. Mais en raison d’une opiniâtreté malsaine chez Laurette pour prendre son indépendance à 19 ans, les relations familiales sont tendues. En fait, Francis n’aime pas ses fréquentations et craint qu’elle ne tourne mal. Adil est plus indulgent vis-à-vis de la liberté de sa sœur et il ne la surveille pas aussi étroitement que son père le voudrait. Francis aurait-il raison ? Car depuis plusieurs mois, Laurette a intégré une cellule terroriste qui vient de boucler la préparation d’un attentat contre des serveurs informatiques. Leurs revendications sont claires : ils en ont marre d’être fichés, surveillés et d’avoir leurs profils traqués par les réseaux sociaux. Laurette ne se rend pas compte qu’elle est manipulée et que cette nuit, elle va servir de kamikaze. Cependant, au moment où se déroule l’action, au beua milieu des fumigènes, elle est interceptée par la police… et aussitôt enlevée par un second groupuscule bien mystérieux. Le lendemain, son père est convoqué par ses anciens collègues… mais il ne sait pas grand-chose. On lui demande donc juste de rester sage et de ne pas tenter de mener une enquête parallèle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avez-vous lu 1984 de Georges Orwell ? Ce chef-d’œuvre d’anticipation dystopique majeur, écrit en 1949, dénonçait un régime futuriste totalitaire de surveillance ultime, surnommé « Big Brother ». Nous sommes en 2012 et figurez-vous que Big Brother existe bel et bien ! Sauf que c’est nous-même qui le concevons, jour après jour, en alimentant les réseaux sociaux de précieux renseignements, en acceptant des fichages informatiques, ciblages marketings et autres caméras de surveillance aux coins de nos rues. Olivier Jouvray et les frères Salsedo se la jouent donc Orwell et « dénoncent » à leur tour les outrances de notre ère numérique et ses conséquences néfastes en devenir. Leur récit prend également pour contexte le Londres du futur, précisément en 2060. Etonnamment, dans ce premier volume, nous n’en saurons guère sur les dites violations de vies privées. L’intrigue de Jouvray se contente de mettre en scène une famille écartelée par l’engagement d’une de ses membres dans un groupe d’actions terroristes opposé aux systèmes de surveillance automatisés. Attentat loupé, enlèvement réussi, enquête parallèle et société secrète prennent dès lors le relai de l’anticipation attendue, pour verser plutôt dans l’espionnage vaguement futuriste… qui peine à avancer. Bref, l’intention était jouissive, mais le fond du résultat, un brin décevant – pour le moment. Reste la forme, plus convaincante, aussi bien dans le rythme narratif que dans le registre graphique volontairement terne de Fred (au dessin) et Greg (aux couleurs) Salsedo. Car l’angoisse est palpable, les tensions permanentes entre chaque protagoniste, à travers ce dessin semi-réaliste, qui joue parfois la carte de la déformation dérangeante (whoaa la tronche aplatie de Francis, le père). Comme pour appuyer le sentiment d’un futur sans grandes perspectives, les cases cadrent souvent les personnages de près, sans profondeur de champ en arrière-plans et la colorisation tire vers le gris béton ou le bleu pâle, froid. Conclusion : pour le moment c’est un peu longuet à se mettre en place, mais ce pilote a pas mal de potentiel en réserve…