L'histoire :
Dans un futur proche, le comportement des citoyens est en permanence scruté par un réseau serré de caméras de surveillances. La nuit de sa participation à un attentat terroriste contre cette société ultra-sécuritaire, la jeune Laurette est enlevée par d’autres activistes se faisant passer pour des policiers. Claustrée dans une base secrète souterraine, elle est tout d’abord interrogée, puis formée et entrainée par des « agents » afin, à terme, d’agir sur une mutation différente de la société. Pendant ce temps, son demi-frère Adil mène sa petite enquête, à la demande de son père Francis. Pour cela, il a acquis un statut d’observateur au sein même de la police. En effet, en tant qu’ancien policier, Francis ne peut lever le petit doigt sans que la toile des caméras de surveillance ne le repère et en déduise ses intentions. Mais Adil se méfie de Sleeman, actuel chef des flics, qu’il suspecte d’être corrompu jusqu’à la moelle. C’est alors que Laurette et ses nouveaux amis donnent à Adil un mystérieux rendez-vous nocturne, sur une route de forêt. Le jeune homme s’y rend en moto et aperçoit un camion qui baisse son haillon devant lui pour le faire monter. A l’intérieur, Laurette lui propose un nouveau marché…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au royaume des aveugles est un thriller d’espionnage et d’anticipation qui a clairement pour vocation une dénonciation d’une société future ultra-sécuritaire et surveillée. Sur le plan de l’angoisse, c’est plutôt réussi : les décors sont froids, les teintes sont ternes, tout comme les perspectives d’avenir ; et au moindre de leurs actes, les protagonistes se savent potentiellement épiés. A mi-parcours de la trilogie prévue, le scénariste Olivier Jouvray fait avancer son intrigue et nous en délivre un peu plus sur les fonctions et les actes de chacun des protagonistes. Néanmoins, la majorité des forces en présence entretient un flou (agaçant ?) sur leurs desseins réels. Les ellipses tombent toujours au moment des informations clés ; les personnages basculent facilement dans la traîtrise et la corruption ; et ils dialoguent (beaucoup !) en ne nommant jamais explicitement les choses. Certes, c’est la loi du genre : en espionnage, on essaie d’entretenir suspicion et mystère, de « noyer le poisson ». Or faute de pouvoir cerner les réelles intentions et les contextes, Jouvray finit par ne pas nous attacher totalement à l’intrigue. Dommage, l’intention est bonne et le dessin semi-réaliste de Frédérik Salsedo au diapason de la morosité ambiante qu’on se prépare…