L'histoire :
Pour bien comprendre les motivations qui ont conduit quatre conjurés à assassiner le jeune et brillant Cassio, en l'an 145 de notre ère, il faut faire quelques pas en arrière. Le retrouver en 144, alors qu’il décide de gagner Rome. Son père lui a laissé pour héritage une villa splendide qu’occupe sa tante. L’en chasser lui offre une ennemie supplémentaire. Il aurait pu s’en passer, car la liste est déjà longue. Elle compte en particulier son ancienne maîtresse Antinoé. Cassio l’a tout juste éconduite après qu’elle l’ait mis en danger en lui dérobant des poudres au pouvoir de guérison, pour le compte du médecin de l’empereur Antonin. Réduite aux basses œuvres dans une maison de plaisirs, elle a le malheur de retrouver le mystérieux Reptah. Ce prêtre égyptien en veut lui aussi énormément à Cassio : les fameuses poudres étaient siennes et il veut les récupérer tout autant que punir le jeune homme définitivement. Aussi ordonne t-il à Antinoé de tout faire pour localiser le nouveau médecin de l’Empereur. Loin d’imaginer qu’il est une proie en danger, Cassio, quant à lui, tient une récente promesse : affranchir Alva. Un projet qui déplait fortement à son ancienne esclave…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Difficile de reprendre son souffle avec ce diable de scénariste. Stephen Desberg sait en effet distiller comme peu ses intrigues, avec une maestria conjuguant suspens, action et interactivité des personnages, au rythme d’un découpage toujours particulièrement adrénalisant. Thriller antique brillant usant de ressorts fantastiques et se payant le luxe d’évider de conserve une intrigue contemporaine, Cassio nous tient sous son joug depuis 5 albums, sans la moindre volonté de désarmer. Les quatre premiers volumes s’octroyaient la mission de nous livrer les noms des meurtriers du jeune avocat-médecin romain. Chose faite, ce diptyque se voulait révélateur des intentions des assassins. On oubliera bien vite ce saucissonnage éditorial (?). Le vocable cycle est en effet loin d’être justifié, la conclusion laissant nombre de questions en suspens et suffisamment de pistes d’actions ouvertes. Une preuve, en tout cas, que Stephen Desberg s‘est amouraché de son jeune héros pour construire autour de son meurtre une intrigue plus complexe et plus ouverte qu’on aurait pu l’imaginer. Quoi qu’il en soit, ce 6éme volet étoffe un peu plus encore le singulier parcours (quelques temps à peine avant son assassinat) du beau Cassio. Une occasion, pour nous, de découvrir les liens qu’il tisse avec l’Empereur Antonin. Mais aussi de faire la lumière sur un complot mis en marche par Honorius, Livion et Marcion visant à empoisonner Antonin pour installer un empereur chrétien (Lernus). Le tout est servi par des seconds rôles impeccables (la nouvelle esclave Coriandre, le retour de l’envoutante Oasis, l’inquiétant Reptah, la sulfureuse Antinoé ou le curieux jeu de la toute nouvelle affranchie Alva) et des rebondissements aux petits oignons. D’abord faire-valoir de l’intrigue antique, le récit contemporain réservera de belles surprises. En particulier, un mystérieux ange-gardien pour notre archéologue pouvant là aussi faire rebondir génialement la série (si notre idée est la bonne…). Bref, du cousu main pour nous harponner une nouvelle fois et parfaitement porté par le dessin d’Henri Reculé. Longue vie à Cassio !