L'histoire :
Ornella Grazzi, une jeune archéologue, se passionne pour le destin exceptionnel de Lucius Aurelius Cassio, un avocat romain dont l’ascension fulgurante se brisa sous les coups de poignards de 4 assassins, en 145 après Jésus Christ. Sur les pas de ce surprenant citoyen romain, d’Éphèse à Antioche, elle découvre l’identité des 2 premiers conjurés en compulsant des documents d’époques laissés entre autre par le jeune avocat (post mortem ?). Parallèlement, elle fait face à plusieurs agressions ayant pour objet de s’emparer des poudres médicinales qu’elle a retrouvées dans l’ancienne villa de Cassio. Échappant de justesse à un nouvel attentat, elle est secourue par la servante de Tanhaüser, un étrange collectionneur. Pour des raisons qu’elle souhaite ne pas révéler, la vieille employée semble en savoir beaucoup sur Cassio. Ainsi, elle apprend à Ornella que le jeune homme, en quittant Antioche, s’est rendu directement à Alexandrie. Ayant découvert qu’une force mystérieuse lui permettait de posséder un incontrôlable pouvoir de guérison, il veut rencontrer l’un des plus éminents médecins égyptien : il comprendra peut-être enfin ce qui lui arrive depuis quelques temps. Mais plutôt que l’aider, Sidon lui tend un piège, dont Cassio réchappe en utilisant ses dons : non seulement, il est capable de guérir, mais il peut aussi tuer par la seule force de l’esprit… Puis la vieille femme interrompt son récit pour accompagner Ornella vers une splendide pièce de la collection de son patron : un sarcophage qui pourrait renfermer le squelette du 3e assassin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme il sait si bien le faire (dans Black OP ou I.R.$ par exemple), Stephen Desberg poursuit son minutieux découpage, composé d’allers-retours entre antiquité et présent, pour nous torturer doucement. Ce 3e opus, plus encore que ses prédécesseurs, sait en effet particulièrement bien attiser notre curiosité. Plus que jamais, on nage au cœur d’un vrai polar, dans lequel se multiplient énigmes contemporaines et antiques, où les personnages se révèlent plus complexes qu’on ne pouvait l’imaginer. Très rapidement, d’ailleurs, le récit fait peu de cas de l’identité du 3e meurtrier (alors que c’était la raison d’être des 2 premiers chapitres) en préférant focaliser sur les dons du jeune avocat ou sur la personnalité de l’avant-dernier conjuré, voire encore construire un véritable suspens autour des problèmes rencontrés par Ornella, quelques 2000 ans plus tard (peut-être un peu trop passive, notre belle héroïne, tout de même ?). Tirant sur toutes les ficelles mises à sa disposition, le scénario touffu et incroyablement bien rythmé se hisse à la hauteur des meilleurs thrillers. Seul le prochain album qui offrira une conclusion au premier cycle consacré aux assassins, devra confirmer ce sentiment. Souvent taxé de classique, le dessin d’Henri Reculé est pourtant des plus séduisants et en tout cas parfaitement adapté aux récits et ambiances concoctés par son scénariste préféré. De biens bonnes intentions, en tout cas, qui ne tarderont pas à vous faire oublier les petits tracas de la rentrée…