L'histoire :
Gauthier de Flandres doit affronter le « Âa », monstre de la nuit et des peurs des hommes, afin d’obtenir la libération du peuple juif de Saramande. Il souhaite en effet le ralliement de ces derniers à sa cause pour lutter contre Ab'Dul Razim. Or le Âa est loin d’être un inconnu pour Gauthier… Il se retrouve ainsi à sa recherche dans les profondeurs de la terre avec Osarias, avant d’être débordé par l’armée des guerriers contaminés par le Âa. Osarias succombe face au nombre, tandis que Gauthier lutte de toutes ses forces sans parvenir à repousser la horde. Tout semble perdu… l’armée est chassée par son ami Nakash, devenu à son tour une créature du Âa. Celui-ci le défie en combat singulier. Pendant ce temps là, à Hiérus Halem (notre Jérusalem), le dignitaire arabe Ab'Dul Razim tente de résister au tourment causé par sa captive, Syria d’Arcos. La lumière qui émane de la jeune chrétienne, après lui avoir permis de résister au miroir des âmes, s’attaque au Maître des machines, qui tente de résister au feu qui le dévore. De même, la cité de Hiérus Halem est menacée par celui de Robert de Tarente, soumis au jugement de Dieu et marqué pour toujours par l’empreinte du démon, le Djinn nommé Qua'Dj. La guerre en Terre Sainte fait rage. Le Maître des machines va s’opposer à Robert de Tarente, pour marquer à jamais sa toute puissance. L’heure des jugements et des affrontements a sonné, sous la marque des démons, oscillant entre bien et mal, entre ombre et lumière. Et au centre de la lutte entre le Bien et le Mal, pour le pouvoir, se trouve le miroir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auteur prolifique par (et avec !) excellence, Jean Dufaux nous gratifie avec Croisade d’un récit sortant encore des normes. De Beatifica Blues aux Voleurs d’Empire, en passant par L’Impératrice Rouge, Jessica Blandy, Ombres ou Rapaces, les univers hétéroclites et pourtant éclectiques développés par Dufaux ont tous comme point commun d’être différents tout en apportant à chaque récit sa pointe de fantastique/ésotérique. Abordant avec dextérité la sphère historique, il n’hésite pas à lui apporter un gros grain de « fantasy ». L’histoire a cependant tendance à verser dans l’hermétisme, jusqu’à aborder un symbolisme assez déroutant. Dufaux nous amène dans une intrigue mystique, dans une quête douloureuse et violente, physiquement et moralement, au-delà des reflets du miroir, véritable clé de l’énigme. Philippe Xavier semble quant à lui au sommet de son art. Son trait nous terrorisant par sa rage (les premières pages), nous éblouissant par son réalisme et sa beauté, nous mystifiant par sa précision (transformation du Qua’dj et le désormais fameux diptyque de fin d’album). Le tout est sublimé par les couleurs de Jean-Jacques Chagnaud, au service du dessin. On sent que les auteurs ont à nouveau pris un immense plaisir à réaliser ce 3e opus de Croisade, dont le premier cycle comptera finalement 4 tomes… ce qui n’est pas un mal vu la complexité scénaristique et la montée en puissance déjà remarquée lors de la sortie du tome 2. Car Dufaux augmente encore le rythme. Sauvage, violent et magique, laissez-vous emporter par ce maelstrom diabolique d’ombre et de lumière, à travers le miroir et ses apparences. Un petit chef-d’œuvre graphique, malgré un scénario complexe qui nécessitera une relecture complète une fois les 4 tomes sortis.