L'histoire :
Agissant sur ordre du Comte de Jaffa Guy de Lusignan, des soldats chrétiens attaquent un campement d’infidèles revenant de Jebel Tarr. Leur but : dérober le prisonnier qu’ils escortent jusqu’à la ville sainte Hiérus Halem, et destiné à être livré au Maître du Croissant et des Sables, le Sultan Ab’Dul Razim. Or rien ne se passe comme prévu. Lorsque le chevalier menant les soldats chrétiens arrache la cagoule du captif pour vérifier qu’il s’agit bien du maître des Flagellants, il libère de sa bouche une fumée noire, le Simoun Dja. Ce vent du désert désosse en une fraction de seconde l’un des soldats. Le chevalier est contraint de décapiter le maître des Flagellants, chez qui s’est réfugié le Qua’dj, le démon qui rampa aux pieds du Christ crucifié, et qui seul peut commander au souffle du diable. A Saint-Jean d'Acre, Gauthier de Flandres, qui y a rejoint sa sœur Sybille d’Aubois, s’engage à mener Lusignan sur les terres de Jebel Tarr. Le comte de Jaffa souhaite rencontrer le Qua’dj pour le gagner à la très sainte cause. Mais Gauthier y pose une condition : se rendre préalablement chez le sultan Ab'Dul Razim afin d’écarter toute idée de représailles envers les chrétiens après la rupture par Lusignan du pacte de non agression entre la Croix et le Croissant. Mais la réelle motivation de Gauthier de Flandres est toute autre : tenir une promesse faite à une femme mourante qu’il a ardemment désirée, en retrouvant sa sœur prisonnière des fanatiques Flagellants. Accompagné de son ami fidèle Ozarias, il se rend donc à Hiérus Halem, sans se douter une seconde de la tournure que vont prendre les événements…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce troisième opus du cycle Nomade, alias le septième volet de la saga historico-fantastique Croisade, Jean Dufaux réitère la performance de nous faire voyager et rêver dans les immensités des déserts de l’Orient. Conteur incommensurable, le scénariste nous narre un récit alliant amour et haine, fureur, rage et tendresse, et nous rend une vision intéressante de l’opposition entre la « main de Dieu » et le « souffle du Diable », entre musulmans et chrétiens à l’époque des croisades. Encore une fois, malgré la teneur de l’histoire, la gente féminine tient une place importante. Entre la sœur retrouvée du chevalier errant, Sybille d’Aubois ; la femme dont s’est épris Gauthier et à qui il est redevable d’une promesse faite ; la fille de Grégoire d’Arcos, Syria, ancien amour abandonné ayant donné son cœur au maître des sables... Et tout n’est que contradiction : la belle Sybille qui s’éprend de la laideur « parfaite » de Guy de Lusignan, et Syria dont le cœur et la raison vacille entre Orient et Occident. Les personnages masculins n’échappent pas à ces tourments de l’esprit et du corps, à ces contradictions psychologiques, à l’instar de Gauthier de Flandres qui replonge dans les déserts maléfiques et les desseins néfastes du Quad’j. Philippe Xavier met une nouvelle fois son savoir-faire artistique à l’épreuve, et son graphisme travaillé ne peut nous laisser que pantois. Surpris, nous ne le sommes plus, hormis par sa constance dans l’excellence. A n’en point douter, Croisade devient petit à petit une référence du genre.