L'histoire :
La cuisine du moyen-âge est bien plus complexe qu'on ne l'imagine. Le savoir-faire des cuisiniers de l'époque regorge de techniques savantes pour mettre en valeur ou conserver les produits de chaque saison. Le Viandier, un livre de cuisine écrit par Taillevent, explique le secret des doubles cuissons, le type de graisse à utiliser pour les poreaulx d'hiver ou les ongnons d'été. Le jeune homme a commencé en écaillant les poissons dans les sous-sols de la demeure de Jeanne d'Evreux, sous les ordres d'un cuisinier qui le terrorisait. Mais il devint quelques années plus tard le chef des cuisines du roi Charles V. Les Rôts de plusieurs manières, les tourtes, les brouets, la queue de sanglier, la poule aux pommes d'orange. Autant de recettes riches que les convives des rois se partageaient au cours d'interminables repas. L'art de se comporter connaissait déjà des règles précises enseignées aux enfants privilégiés. Tandis qu'hors des murs des châteaux, le petit peuple subissait les dures lois des saisons.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette nouvelle collection consacrée à la cuisine à travers les siècles, c'est un défi narratif désormais connu que les deux auteures doivent relever. Comment donner, à travers la bande dessinée, une touche différente à ce qui serait, sinon, un livre illustré ? En mettant en scène des personnages qui vivent au moyen-âge et que tout ramène vers la table et la nourriture, Isabelle Bauthian tente de dépeindre des scènes de la vie de l'époque, sur un ton léger et didactique. Les petites histoires se succèdent pour parler d'une recette particulière ou découvrir les bonnes manières de la table à cette époque. On apprend la complexité impressionnante des préparations réservées aux privilégiés, ainsi que des codes de bonne conduite qui surprennent lorsqu'on a une vision alimentée essentiellement par les clichés du cinéma grand-public. La dessinatrice Natalie Nourigat aborde son travail avec une belle efficacité lorsqu'il s'agit de représenter des plats anciens, mais une économie de décors et de mise en scène vraiment trop patentes, à l'exception de rares moments choisis où son style semble se déployer. Ce premier tome est instructif de bout en bout, mais il confirme que sans un angle de vue original et sans une vraie raison de choisir la BD plutôt qu'un autre mode d'expression, le résultat n'est pas captivant. Comme beaucoup d'ouvrages de ce type, cet album conviendra davantage à un public large intéressé par la cuisine en tant que telle. Qui acceptera une certaine facilité dans la réalisation graphique, et se régalera de la riche postface, uniquement explicative et sans images.